Quantic Potential Measurement

De Psiram
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L'appareil dans son ensemble, avec les deux plaques où poser les mains, les deux plaques où posser les pieds, manque seulement les deux électodes à apposer sur le front du patient/client.
Capture d'écran sur la vidéo youtube "Télématin 13 12 2012"[1]

L'appareil Quantic Potential Measurement (QPM), qui donc est supposé pouvoir mesurer le potentiel "quantique" d'une personne, avait fait l'objet d'un article dans Le Monde en août 2007, "La machine qui détecte la personnalité". [2].

L'article du journal Le Monde avait été fortement critiqué : « Le journal Le Monde promeut la version moderne de l’électromètre de l’Église de Scientologie » [3], et « QPM, la main dans le sac » [4]:

Le QPM : tout sauf une nouveauté

Pas besoin d’être spécialiste de neurosciences, ni même d’avoir une grande culture scientifique, pour lever la supercherie. La simple visite du site des « concepteurs » de la machine nous renseigne très rapidement. Le QPM est l’acronyme de Quantic potential measurement. On se demande ce que vient faire « quantic » dans le nom, si ce n’est donner un profil encore plus complexe et mystérieux. En réalité, le QPM n’est rien d’autre qu’une simple machine à mesurer une conductivité électrique. Le Pont de Weatstone, du nom de son inventeur, permettait déjà de telles mesure depuis le milieu du 19e siècle. D’autres méthodes ont été mises au point depuis, mais ne relèvent pas d’une « électronique de pointe » comme l’affirment les promoteurs. La mesure de la conductivité des tissus humains est utilisée depuis des décennies en neuropsychologie et en psychosociologie. Marcel-Francis Kahn rappelait dans Sciences et pseudo-sciences (n° 240 décembre 1999) comment une réaction émotive se traduit par des augmentations de la transpiration, faisant ainsi varier sensiblement la résistance opposée à un courant électrique, et l’usage qui pouvait être fait d’un tel dispositif dans des expérimentations psychologiques (mesure de temps de réaction à certains stimuli par exemple). Les prétendus « détecteurs de mensonges » utilisent le même principe. Les pèse-personnes électroniques mesurent aussi une conductivité du corps humain et en déduisent des informations sur la composition des tissus.

La scientologie l’appelle « Electropsychomètre de Hubbard »

Le même genre de dispositif est commercialisé depuis plusieurs décennies par l’Église de scientologie. L’« électropsychomètre de Hubbard » (c’est son nom) est vendu fort cher aux adeptes de l’Église parvenus à un certain niveau dans la hiérarchie. Ce dispositif, selon la scientologie, permet de « mesurer l’état mental ou les changements d’état mental d’une personne, aidant ainsi les “préclairs” (adeptes en cours d’apprentissage) à localiser leurs zones de détresse psychologique pour pouvoir les prendre en charge »2

Le QPM vu par ses concepteurs : un charabia scientifique…

Petite visite sur le site des concepteurs du QPM3 Première surprise : dans l’onglet « Bibliographie », là où on s’attend à trouver des références d’articles, des publications scientifiques, on trouve en réalité une liste de noms, allant d’Einstein, mentionné pour ses recherches en physique quantique (quel rapport avec QPM ?) à Jacques Benveniste, surtout connu du grand public pour ses théories sur la mémoire de l’eau, en passant par un dénommé Niboyet, au titre de ses « recherches dans les années 1940-1950, sur les effets des méridiens sur le corps ».

Une page est consacrée aux « fondements scientifiques ». Sa lecture nous confirme qu’il ne s’agit de rien d’autre qu’une simple mesure de conductivité du corps humain. Là où les autres dispositifs analogues mettent deux électrodes, le QPM en propose 6. Il faut bien innover. On trouve alors un mélange de charabia scientifique et d’affirmations sans fondement.

Florilège :

« La cellule comprend également un réseau de microtubules, les centrioles, qui relient les cellules entre elles qui s’appellent les centrioles et qui laissent passer qu’un électron à la fois, donnant ainsi une communication électrique entre les cellules puisque les électrons sont des particules chargées ». Les centrioles ne sont pas organisés en réseau, mais surtout sont des structures intra-cellulaires qui interviennent dans la division cellulaire. Ils ne relient aucunement des cellules entre elles et ne sont pas impliquées dans une « communication électrique entre cellules ». « La conductivité électrique de l’organisme est le reflet des échanges Na+ et K+ au niveau de la membrane cellulaire ». En réalité, la conductivité de l’organisme n’a rien à voir avec les échanges sodium/potassium des cellules, mais avec la sudation et la composition des tissus (base pour mesurer le stress… ou la prétendue masse graisseuse dans les pèse-personnes électroniques). « Le noyau de la cellule constitué d’ADN émet une lumière cohérente type laser ». L’ADN qui émet une lumière laser… nouveauté scientifique…

Comment ensuite passer d’une mesure de conductivité à un profil psychologique ? Voici la clé : « Le psychisme et les capacités d’une personne sont sous la dépendance du cerveau et donc des échanges cellulaires et de la conductivité électrique ». Mesurez une conductivité électrique, et vous saurez tout sur le psychisme.

Enfin, concernant la réalité des profils psychologiques créés par la machine et le sérieux de l’interprétation proposée, il faudra se contenter d’affirmations telles que « corrélation des mesures avec les travaux des neurosciences (analogie existant entre la somatotopie des fonctions cérébrales et le corps) », « Corrélation de nos mesures avec différents tests déclaratifs », « Corrélation des résultats des dérivations avec la médecine (dosage sanguin des neuromédiateurs) ».

… mais un marketing astucieux

On ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit peut-être d’un canular, tellement tout est cousu de fil blanc… Pas une ligne du site Internet de QPM qui n’inspire le doute… ou la consternation. Mais en tout cas, le marketing est bien monté. Les différentes applications de QPM sont précisément ciblées : QPM-STRESSPRO pour les « ressources humaines », QPM-PSY « uniquement réservé aux psychiatres et aux psychothérapeutes et psychologues comportementalistes », QPM-SPORT pour les entraîneurs, et même une déclinaison QPM-KIMEOSTEO pour les ostéopathes et les kinésithérapeutes. Une liste d’« utilisateurs certifiés » est mise à jour. Un grand journal du soir en parle… L’affaire est lancée. Le journal télévisé de 13 heures, le lendemain sur France 2, reprend l’affaire et consacre un reportage à cette « machine à explorer l’âme, au carrefour de la bioconductivité, des neurosciences et de la médecine chinoise et hindou ». Si le ton est à l’humour, la véritable démystification, est absente. Là encore, le journaliste qui a testé la machine parle de « résultats troublants », soulignant que sur « 200 critères, la plupart correspondent ». Au passage, nous apprenons que la machine coûte 10.000 € à l’acquisition, et qu’une consultation s’élève à 250 ou 300 €.

cet article est une ébauche

Références

  1. https://www.youtube.com/watch?v=mef7MDFItqk vidéo "Télématin 13 12 2012", ajoutée le 2 janv. 2013 par Patrick Visier (vendeur de l'appareil), accompagnée du commentaire: Reportage sur un système de mesure de l'état de forme physique, mentale et émotionnelle des personnes utilisé par la thalassothérapie de l'Île d'Oléron.
  2. https://www.lemonde.fr/vous/article/2007/08/07/la-machine-qui-detecte-la-personnalite_942606_3238.html Par Sandrine Blanchard, publié le 07.08.2007
  3. https://www.acrimed.org/Le-journal-Le-Monde-promeut-la-version-moderne-de-l-electrometre-de-l-Eglise-de Par Jean-Paul Krivine, publié le 22 Août 2007
  4. http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article760 QPM, la main dans le sac. Par Jean-Paul Krivine, mis en ligne le 4 septembre 2007 sur le site de l'AFIS