Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
522 octets ajoutés ,  28 août 2012 à 15:03
Ligne 3 : Ligne 3 :     
==Les Critiques de Christopher Hitchens==
 
==Les Critiques de Christopher Hitchens==
*Article paru en novembre 1996 dans Le monde Diplomatique<ref>http://www.monde-diplomatique.fr/1996/11/HITCHENS/7400</ref> sous le titre de 'Censeur des pauvres, amie des riches, Mère Teresa, une sainte médiatique', signé de Christopher Hitchens, auteur du livre The Missionary Position, Verso, Londres, 1995, qui devait paraitre en français en décembre 1996, sous le titre Le Mythe de Mère Teresa, Dagorno, Paris, 1996
+
 
 +
Christopher Hitchens<ref>http://fr.wikipedia.org/wiki/Christopher_Hitchens</ref>, écrivain et journaliste, ayant la double nationalité anglaise et américaine, publia en 1995 un livre consacré à mère Theresa au titre provocateur The Missionary Position: Mother Teresa in Theory and Practice<ref>http://en.wikipedia.org/wiki/The_Missionary_Position</ref> (La position du missionnaire, mère Teresa en théorie et en pratique) ! En ce qui concerne le titre, avec son double sens sexuel, Hitchens a dit "C'était ou bien ça, ou bien ''La vache sacrée'', et j'ai pensé que ''La vache sacrée'' serait de mauvais goût".
 +
 
 +
 
 +
*En novembre 1996 Le monde Diplomatique<ref>http://www.monde-diplomatique.fr/1996/11/HITCHENS/7400</ref> publia sous le titre de 'Censeur des pauvres, amie des riches, Mère Teresa, une sainte médiatique', un article signé de Christopher Hitchens, en prévision de la parution en décembre 1996, de la version française de The Missionary Position, sous le titre Le Mythe de Mère Teresa:
      Ligne 18 : Ligne 22 :  
En 1992, Mère Teresa intervint lors du procès de M. Charles Keating, l’un des plus grands fraudeurs de l’histoire financière des Etats-Unis. Son escroquerie aux caisses d’épargne lui avait permis de mettre la main sur 252 millions de dollars, volés principalement à de petits épargnants. M. Keating, qui avait auparavant mené campagne contre la pornographie, avait offert à Mère Teresa 1 250 000 dollars ainsi que l’usage de son avion privé. En échange de quoi, la« sainte médiatique » n’avait pas hésité à user de son prestige pour aider M. Keating. A tel point que lorsque Mère Teresa envoya une lettre réclamant la clémence du tribunal pour un homme qui ''« a beaucoup fait pour aider les pauvres »'' , l’un des procureurs répondit en lui demandant de restituer l’argent qui lui avait été versé (et qui provenait du vol). Toujours trop innocente pour pouvoir détecter la malhonnêteté des autres, elle refusa.
 
En 1992, Mère Teresa intervint lors du procès de M. Charles Keating, l’un des plus grands fraudeurs de l’histoire financière des Etats-Unis. Son escroquerie aux caisses d’épargne lui avait permis de mettre la main sur 252 millions de dollars, volés principalement à de petits épargnants. M. Keating, qui avait auparavant mené campagne contre la pornographie, avait offert à Mère Teresa 1 250 000 dollars ainsi que l’usage de son avion privé. En échange de quoi, la« sainte médiatique » n’avait pas hésité à user de son prestige pour aider M. Keating. A tel point que lorsque Mère Teresa envoya une lettre réclamant la clémence du tribunal pour un homme qui ''« a beaucoup fait pour aider les pauvres »'' , l’un des procureurs répondit en lui demandant de restituer l’argent qui lui avait été versé (et qui provenait du vol). Toujours trop innocente pour pouvoir détecter la malhonnêteté des autres, elle refusa.
   −
                                  « Multinationale missionnaire »
+
« Multinationale missionnaire »
    
S’il est évident que Mère Teresa a du temps à consacrer aux riches et aux puissants, qu’en est-il de son souci proclamé pour les pauvres et pour les faibles ? Le bilan n’est pas aussi clair qu’on l’imagine. Des médecins britanniques et américains ont, par exemple, relevé le niveau très aléatoire des pratiques médicales dans les petites cliniques de Calcutta de Mère Teresa : pas d’antalgiques, des seringues lavées à l’eau froide, un régime alimentaire redoutable pour les patients et une attitude très fataliste à l’égard de la mort. Cela ne s’explique pas par le manque d’argent. Les comptes de son ordre religieux (catholique), les Missionnaires de la charité, ne sont pas publics, mais chacun sait que d’énormes sommes ont été recueillies, qui suffiraient largement à assurer le fonctionnement d’une clinique convenable de Calcutta. En revanche, Mère Teresa a évoqué sa fierté d’avoir ouvert 500 couvents dans 101 pays, ''« sans compter l’Inde »'' . L’argent offert par les donateurs pour soulager la souffrance des pauvres aurait-il alors été utilisé par la« multinationale missionnaire » pour faire du prosélytisme religieux ?
 
S’il est évident que Mère Teresa a du temps à consacrer aux riches et aux puissants, qu’en est-il de son souci proclamé pour les pauvres et pour les faibles ? Le bilan n’est pas aussi clair qu’on l’imagine. Des médecins britanniques et américains ont, par exemple, relevé le niveau très aléatoire des pratiques médicales dans les petites cliniques de Calcutta de Mère Teresa : pas d’antalgiques, des seringues lavées à l’eau froide, un régime alimentaire redoutable pour les patients et une attitude très fataliste à l’égard de la mort. Cela ne s’explique pas par le manque d’argent. Les comptes de son ordre religieux (catholique), les Missionnaires de la charité, ne sont pas publics, mais chacun sait que d’énormes sommes ont été recueillies, qui suffiraient largement à assurer le fonctionnement d’une clinique convenable de Calcutta. En revanche, Mère Teresa a évoqué sa fierté d’avoir ouvert 500 couvents dans 101 pays, ''« sans compter l’Inde »'' . L’argent offert par les donateurs pour soulager la souffrance des pauvres aurait-il alors été utilisé par la« multinationale missionnaire » pour faire du prosélytisme religieux ?
Ligne 26 : Ligne 30 :  
Mais comment comprendre qu’une femme aux opinions presque médiévales soit également admirée par le monde des laïcs et par la communauté des dévots ? L’une des explications est que de nombreux Occidentaux, pleins de mauvaise conscience à l’égard de la misère du tiers- monde, sont trop heureux de déléguer le devoir de charité à quelqu’un d’autre. Et, ayant consenti à cette délégation-abandon, ils ne souhaitent pas examiner de trop près les motifs et les actes de ce représentant ambulant de leur conscience soulagée.
 
Mais comment comprendre qu’une femme aux opinions presque médiévales soit également admirée par le monde des laïcs et par la communauté des dévots ? L’une des explications est que de nombreux Occidentaux, pleins de mauvaise conscience à l’égard de la misère du tiers- monde, sont trop heureux de déléguer le devoir de charité à quelqu’un d’autre. Et, ayant consenti à cette délégation-abandon, ils ne souhaitent pas examiner de trop près les motifs et les actes de ce représentant ambulant de leur conscience soulagée.
   −
                                  Contre l’avortement et la contraception
+
Contre l’avortement et la contraception
    
Mère Teresa peut donc asséner avec tranquillité - comme elle l’a fait plus d’une fois - qu’ ''« il n’y aura jamais trop de bébés parce qu’il n’y a jamais trop de fleurs ou d’étoiles »'' , sans pour autant que les partisans de la planification familiale s’en offusquent. En septembre 1996, le Congrès américain lui a accordé le titre de« citoyen honoraire », une distinction que seuls avaient obtenue avant elle William Penn et son épouse (fondateurs de l’Etat de Pennsylvanie), Winston Churchill et Raoul Wallenberg. Au cours d’une saison électorale pourtant dominée par la question de l’avortement et par la mise en cause du pouvoir (au demeurant très exagéré) de la droite religieuse, le vote du Congrès fut unanime.
 
Mère Teresa peut donc asséner avec tranquillité - comme elle l’a fait plus d’une fois - qu’ ''« il n’y aura jamais trop de bébés parce qu’il n’y a jamais trop de fleurs ou d’étoiles »'' , sans pour autant que les partisans de la planification familiale s’en offusquent. En septembre 1996, le Congrès américain lui a accordé le titre de« citoyen honoraire », une distinction que seuls avaient obtenue avant elle William Penn et son épouse (fondateurs de l’Etat de Pennsylvanie), Winston Churchill et Raoul Wallenberg. Au cours d’une saison électorale pourtant dominée par la question de l’avortement et par la mise en cause du pouvoir (au demeurant très exagéré) de la droite religieuse, le vote du Congrès fut unanime.
Ligne 111 : Ligne 115 :  
Lors de la catastrophe industrielle de Bhopal (35 000 morts, 5 millions de per­sonnes atteintes au système respiratoire et à la peau), Mère Teresa a immédiatement pris l’avion pour se rendre sur les lieux et a dit à la foule en colère, assemblée à sa sortie d’avion : «Pardonnez ! Pardonnez ! Pardonnez !»  
 
Lors de la catastrophe industrielle de Bhopal (35 000 morts, 5 millions de per­sonnes atteintes au système respiratoire et à la peau), Mère Teresa a immédiatement pris l’avion pour se rendre sur les lieux et a dit à la foule en colère, assemblée à sa sortie d’avion : «Pardonnez ! Pardonnez ! Pardonnez !»  
   −
Ainsi, elle reconnaissait, dès avant de rencontrer les victimes, qu’il y avait quel­que chose à pardonner. Elle demandait aux victimes de ne pas chercher quoi. Pourtant, ne faut-il pas connaître la vérité au cours d’un vrai procès pour pouvoir ensuite décider ou non de pardonner ? N’est-ce pas d’un vrai progrès social, aussi, qu’on pourrait seulement louer l’Eglise et le Dieu au nom duquel elle dit agir ? Non. «Pardonnez» est l’adresse des riches aux pauvres, l’adresse de l’Eglise aux peuples, et signifie : «Renoncez à comprendre. Renoncez à la vérité. Et si nous vous le disons, renoncez à vivre.» (p. 88)  
+
Ainsi, elle reconnaissait, dès avant de rencontrer les victimes, qu’il y avait quel­que chose à pardonner. Elle demandait aux victimes de ne pas chercher quoi. Pourtant, ne faut-il pas connaître la vérité au cours d’un vrai procès pour pouvoir ensuite décider ou non de pardonner ? N’est-ce pas d’un vrai progrès social, aussi, qu’on pourrait seulement louer l’Eglise et le Dieu au nom duquel elle dit agir ? Non. «Pardonnez» est l’adresse des riches aux pauvres, l’adresse de l’Eglise aux peuples, et signifie : «Renoncez à comprendre. Renoncez à la vérité. Et si nous vous le disons, renoncez à vivre.» (p. 88)
    
==L'article du magazine Stern "Mère Teresa, où sont vos millions"==
 
==L'article du magazine Stern "Mère Teresa, où sont vos millions"==
7 091

modifications

Menu de navigation