Théorie de l'excès d'opioïdes

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La Théorie de l'excès d'opioïdes, en anglais Opioid excess theory, est une théorie qui postule que l'autisme est le résultat d'un trouble métabolique dans lequel les peptides opioïdes produits par le métabolisme du gluten et de la caséine passent au travers d'une muqueuse intestinale anormalement perméable (voir à Syndrome de l'intestin perméable), et continuent ensuite à exercer un effet sur ​​la neurotransmission par la liaison avec les récepteurs opioïdes.[1] Les partisans de cette hypothèse croient que les enfants autistes sont particulièrement sensibles au gluten, ce qui entraîne une petite inflammation de l'intestin chez ces enfants, ce qui, à son tour, permet à ces peptides opioïdes d'entrer dans le cerveau.[2]

Illustration de la théorie

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Pourquoi certaines personnes absorbent-elles ces peptides ?
Gut = intestin
Blood = sang
Brain = cerveau
Gut permeability = perméabilité de l'intestin
Blood-brain barrier permeability = perméabilité de la barrière sang-cerveau
Source du shéma[3]

Le shéma ci-contre figure dans l'intervention intitulée "Situation actuelle dans les connaissances médicales", que Paul Shattock a faite le 23 mars 2002 à une rencontre sur le thème "Approches Biologiques de l'Autisme" organisée à Paris par l'association autisme-france[3]. Elle est accompagnée des commentaires suivants:

Pourquoi certaines personnes absorbent-elles ces peptides ?
Figure 1: Shéma illustrant le mécanisme proposé. Les "étoiles" représentent les peptides.

Dans la Figure 1a (situation normale): Il y a une faible quantité de peptides dans l'intestin et une très petite quantité d'entre eux passe à travers la paroi intestinale et la barrière hémato-encéphalique vers le SNC (Système Neurologique Central). Les quantités sont faibles et sans effet.

Figure 1b: montre la situation si les enzymes responsables de la dégradation des peptides dans l'intestion fonctionne mal. Si la quantité de peptides augmente à ce niveau, par effet de masse, une quantité supérieure atteindra le SNC et aussi les urines.

Que les quantités de peptides soient importantes ou pas au niveau intestinal, toute augmentation de la perméabilité conduira à un passage accru de peptides à partir des intestins.

Figure 1c. L'augmentation de la perméabilité pourrait très certainement résulter de déficiences nettes dans les processus de sulfatation. Celles ci ont été bien documentées chez les personnes avec autisme. Cela pourrait aussi résulter de métabolites anormaux du tryptophane (comme l'Indolyl Acrolyl Glycine (IAG) ou ses métabolites que nous avons trouvés).
De façon plus controversée, il est suggéré que l'infection par la rougeole résultant du vaccin combiné MMR [appellation anglaise du ROR] pourrait déclencher l'autisme en provoquant une augmentation de la perméabilité intestinale chez ce sous groupe d'enfants qui développent des symptômes autistiques dans un court délai après la vaccination MMR. L'identification d'une hyperplasie nodulaire contenant des anticorps contre le virus de la rougeole dans ce sous groupe d'enfants [là est cité en référence l'étude d'Andrew Wakefield de 1998 qui sera ultérieurement rétractée] serait en faveur des allégations parentales. Dans une étude en aveugle, Wakefield et O'Leary ont rapporté la présence de RNA du virus rougeoleux dans les intestins des enfants de ce sous groupe mais la publication complète de l'étude revue par des experts est encore attendue.

Une augmentation de la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique [sang-cerveau] peut résulter d'une méningite ou d'un autre type d'infection ou de dommage physique (Fig. 1d).

Les premières années

Cette hypothèse a été proposée par Jaak Panksepp dans un papier de 1979, dans lequel il supposait que l'autisme pourrait être "un trouble affectif résultant d'une perturbation dans les systèmes opiacés du cerveau."[4] Kalle Reichelt est ensuite devenu l'un des principaux partisans de cette théorie, publiant des papiers allégant que "les caractéristiques des peptides et des protéines associées [trouvés] dans les échantillons urinaires [de personnes atteintes d'autisme] diffèrent considérablement l'une de l'autre et des contrôles normaux". De plus, les recherches de Reichelt ont conclu que les personnes autistes ont des taux plus élévés de ces peptides dans leur liquide céphalo-rachidien.[5] En outre, dans un papier de 1991, Reichelt a prétendu que le gluten et la caséine pourraient jouer un rôle causal dans l'autisme en ce que la digestion incomplète de ceux-ci pourrait produire certains peptides opioïdes.[6] Donc, ceux qui, comme Paul Shattock, sont partisans de cette théorie sont également partisans de l'utilisation d'un régime sans gluten et sans caséine en tant que traitement pour l'autisme.[7]

Étude Wakefield

En 1998, un papier frauduleux a été publiée dans The Lancet par Andrew Wakefield présentant des preuves apparentes d'un lien entre le vaccin ROR, la maladie gastro-intestinale et l'autisme. Dans ce papier, qui a depuis été rétracté, Wakefield et al. ont supposé que des peptides dérivés d'aliments "pourraient exercer des effets opioïdes centraux, directement ou par la formation de ligands[8] avec des enzymes peptidases requises pour la dégradation des opioïdes endogènes du système nerveux central, ce qui conduit à la perturbation de la neurorégulation normale et du développement cérébral par des enképhalines[9] et des endorphines[10] endogènes.[11]

Recherches ultérieures

Reichelt a publié un certain nombre de papiers qui concluent que les enfants autistes excrètent des taux plus élevés de peptides dans leur urines[12], et aussi que de tels peptides pourraient être la cause de l'aversion pour le regard autistique [évitement]; plus précisement, en interférant avec le traitement cortical cortico-thalamique[13] des stimuli visuels.[14] À la suite de cette théorie, d'autres, en particulier Panksepp, ont émis l'hypothèse que les antagonistes opiacés tels que la naloxone et la naltrexone peuvent être utiles dans le traitement de l'autisme.[15][16] En outre, Christopher Gillberg de la Gothenburg University a publié quelques études montrant que les animaux traités avec des opiacés présentent se montrent moins pots de colle, en ligne avec le comportement des enfants autistes, qui, sa recherche l'a également montré, "ne semblent pas inquiets quand leurs parents ne sont pas à proximité" et "se montrent moins pleureurs que les petits enfants sans autisme" [17], et a également lié à un excès d'opioïdes endogènes à un comportement stéréotypé (c.-à-d. répétitif).[18] Cependant, plus récemment, deux études ont été publiées qui n'ont pas permis de trouver de différence dans les taux de peptides dans l'urine d'enfants autistes, par opposition à ceux d'enfants non autistes.[19][20] Une revue de 2009 a révélé qu'il n'existe pas de preuves que les taux de peptides urinaires soient corrélés avec le Syndrome de l'intestin perméable.[21]

Les implications possibles pour le traitement

Plusieurs études en double aveugle ont expérimenté avec de faibles doses d'antagonistes d'opioïdes, comme la naltrexone, pour le traitement d'autisme. Une revue systématique récente, publiée en 2014[22], a montré une amélioration statistiquement significative des symptômes d'irritabilité et d'hyperactivité chez 77 % des enfants traités avec la naltrexone. Les symptômes fondamentaux de l'autisme étaient inchangés. Les effets secondaires étaient légers et le médicament a été généralement bien toléré. Le nombre d'enfants suivant une telle thérapie dans les 10 études analysées était cependant seulement de 128.

Lien externe

  • http://www.autisme-france.fr/offres/file_inline_src/577/577_P_21064_81.pdf "Est-ce que les peptides découverts dans les urines de patients autistes peuvent expliquer la pathophysiologie de l'autisme ?"
    Un document de Karl Reichelt (et de Ann-Mari Knivsberg) qui a l'avantage d'être traduit en français. Il s'agit de son intervention du 23 mars 2002 à une rencontre intitulée "Approches Biologiques de l'Autisme." Sous-titre: "Consensus et controverses à propos de certaines pièces du puzzle", organisée par l'association autisme-france, à laquelle participaient également Paul Shattock et ... Andrew Wakefield; et ce, Sous le Haut patronage du Ministère d'Etat à la Santé et aux Handicapés et le Ministère de la Recherche ! [23]

Références

  1. [1] "Gluten- and casein-free diets for autistic spectrum disorder". Claire Millward, Michael Ferriter, Sarah J Calver, Graham G Connell-Jones. Cochrane Library. Published Online: 23 APR 2008
  2. Special diets and autism 19 mars 2008
  3. 3,0 et 3,1 http://www.autisme-france.fr/offres/file_inline_src/577/577_P_21064_77.pdf Intervention de Paul Shattock intitulée "Situation actuelle dans les connaissances médicales" le 23 mars 2002 à Paris
  4. http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/0166223679900717 A neurochemical theory of autism. Auteur Jaak Panksepp. 1979 Trends in Neurosciences
  5. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/7010949 Biologically active peptide-containing fractions in schizophrenia and childhood autism. Reichelt KL, Hole K, Hamberger A, Saelid G, Edminson PD, Braestrup CB, Lingjaerde O, Ledaal P, Orbeck H. Adv Biochem Psychopharmacol. 1981
  6. http://psycnet.apa.org/psycinfo/1993-26811-001 Probable etiology and possible treatment of childhood autism. Reichelt, Karl L.; Knivsberg, Ann-Mari; Lind, Gunnar; Nødland, Magne Brain Dysfunction, Nov-Dec 1991
  7. http://www.dailymail.co.uk/health/article-48156/Could-diet-beat-autism.html Could this diet beat Autism ? Fleur Brennan. Daily Mail. Consulté le 11 october 2013
  8. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligand_(biologie)
  9. https://fr.wikipedia.org/wiki/Enk%C3%A9phaline
  10. https://fr.wikipedia.org/wiki/Endorphines
  11. http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(97)11096-0/abstract RETRACTED: Ileal-lymphoid-nodular hyperplasia, non-specific colitis, and pervasive developmental disorder in children. Dr AJ Wakefield and Al.
  12. http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/0031383950390304 "Autistic Syndromes and Diet: a follow‐up study". Auteurs: Ann‐Mari Knivsberg, Karl Ludvig Reichelt, Magne N⊘dland & Torleiv H⊘ien. Publié en 1995 dans le Scandinavian Journal of Educational Research
  13. https://fr.wikipedia.org/wiki/Thalamus
  14. http://www.karger.com/Article/Abstract/119167 Clinical Case Report: Opiate Antagonist and Event-Related Desynchronization in 2 Autistic Boys. Lensing P.· Schimke H.· Klimesch W.· Pap V.· Szemes G.· Klingler D.· Panksepp J. Neuropsychobiology. 1995
  15. http://link.springer.com/article/10.1007%2FBF01495056 "Brain opioids and autism: An updated analysis of possible linkages". Tony L. Sahley , Jaak Panksepp. Journal of Autism and Developmental Disorders June 1987
  16. http://www.psy-journal.com/article/0165-1781(95)02601-R/abstract "Low-dose naltrexone effects on plasma chemistries and clinical symptoms in autism: a double-blind, placebo-controlled study". Manuel P. Bouvard, Marion Leboyer, Jean-Marie Launay, Christophe Recasens, Marie-Hélène Plumet, Delphine Waller-Perotte, François Tabuteau, Dominique Bondoux, Michel Dugas, Patrick Lensing, Jaak Panksepp. Psychiatry Research. Accepté le 2 mai 1995, publié le 16 octobre 1995
  17. http://www.macalester.edu/psychology/whathap/UBNRP/autismopioid/Opioids%20and%20Autism.htm "Social Dysfunction in Autism and Connection with Endogenous Opioids (What is an Opioid?)"
  18. [2] "Endogenous opioids and opiate antagonists in autism: Brief review of empirical findings and implications for clinicians". Christopher Gillberg. Developmental Medicine & Child Neurology, mars 1995.
    RÉSUMÉ
    Endorphines et antagonistes des opiacés dans l'autisme: une brève revue des données empiriques el des implications pour les enfants
    Une brève revue est faite, des hypothèses sur un dysfonctionnement des endorphines dans le développement de l'autisme, ainsi que des études cliniques sur l'action des antagonistes d'opiacés dans l'autisme et les comportement d'auto-agression. II n'y a pas encore d'évidences suffisantes pour conseiller l'utilisation des antagonistes d'opiacés dans le traitement de l'autisme. Des recherches ultérieures, notamment sur l'action de la naltrexone dans l'auto-agression grave, sont indispensables
  19. "Opioid peptides and dipeptidyl peptidase in autism". C L Hunter, A O'Hare, W J Herron, L A Fisher, et J E Jones. February 2003. Developmental Medicine & Child Neurology. Article first published online: 13 FEB 2007
  20. http://adc.bmj.com/content/93/9/745 "Absence of urinary opioid peptides in children with autism". H Cass, P Gringras, J March, I McKendrick, A E O’Hare, L Owen, C Pollin. Publié le 12 mars 2008 dans Archive Disease in Childhood
    Conclusions: Étant donné le manque de preuves d'une quelconque peptidurie opiacée chez les enfants autistes, les peptides opioïdes ne peuvent ni servir de marqueur biomédical pour l'autisme, ni non plus être employés pour prévoir ou contrôler une réponse à un régime sans gluten et sans caséine.
  21. http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1750946709001111 "Gluten-free and casein-free diets in the treatment of autism spectrum disorders: A systematic review". Austin Mulloy, Russell Lang, Mark O’Reilly, Jeff Sigafoos, Giulio Lancioni, Mandy Rispoli. Research in Autism Spectrum Disorders, July–September 2010
  22. "Are opioid antagonists effective in attenuating the core symptoms of autism spectrum conditions in children: a systematic review". A. Roy, M. Roy, S. Deb, G. Unwin and A. Roy. Journal of Intellectual Disability Research. Article first published online: 4 MAR 2014
  23. http://www.autisme-france.fr/offres/file_inline_src/577/577_P_21064_71.pdf
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