Pseudo-médecine

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Produit charlatanesque : Le tueur de microbes de Radam pour la supposée "guérison de toutes les maladies"[1]

Le terme pseudo-médecine est utilisé pour des traitements qui prétendent être des méthodes efficaces de la médecine et qui, pourtant, soit ne présentent aucun avantage objectivement vérifiable, soit sont incompatibles avec l'état actuel des connaissances de la médecine scientifique fondée sur les faits ou basée sur les preuves, la médecine factuelle, que les anglais appellent l'Evidence-Based Medicine (EBM). Les méthodes pseudo-médicales se présentent cependant souvent en tant que traitements établis, employant ou utilisant abusivement pour ce faire des termes de médecine scientifique ou de sciences naturelles. Elles sont les pseudo-sciences de la médecine. Le terme pseudo-médicine est souvent utilisé comme synonyme de Quackery (charlatanisme), "prétention frauduleuse ou ignorante de compétence médicale". Il s'agit d'un raccourci du mot Quacksalver du 16ème siècle provenant du mot kwakzalver néerlandais ("vendeur vantard de pommade"). Les quacksalvers vendaient leurs produits sur les marchés à grands cris.

La médecine fondée sur les preuves utilise aussi, pour partie, certains traitements dont on ne connait pas encore en détail pourquoi ou comment ils fonctionnent mais dont l'efficacité est reproductible. Ces traitements ne sont pas à classer dans la pseudo-médicine.

Le terme pseudo-medicine recouvre en partie les expressions médecine alternative et médecine complémentaire lesquelles sont utilisées à la fois par les partisans des traitements pseudo-médicaux ainsi que par les critiques en tant que synonymes de pseudo-medicine. D'autre part, les praticiens pseudo-médicaux qualifient souvent - et souvent péjorativement - la médecine fondée sur la science ou sur la preuve de médecine universitaire/académique (le mot allemand qui correspond à notre "médecine conventionnelle" est "Schulmedizin" c.-à-d. "médecine d'école").

Caractéristiques typiques

Les drapeaux rouges du charlatanisme Source [2]

On peut souvent reconnaître les traitements pseudo-médicaux par la présence des quelques-unes des caractéristiques suivantes :

  1. Les prestataires font état d’une formation exceptionnellement vaste et de qualifications dans de nombreuses institutions (" chez le docteur Untel ")
  2. Les médications sont chimiquement définies de manière imprécise, leur composition est modifiée sans arrêt
  3. Il est affirmé que la « médecine d’école » (c.-à-d. la médecine conventionnelle) considèrerait les hommes seulement comme des machines chimiques, ou quelque chose comme ça
  4. C’est la raison pour laquelle un "changement de paradigme" dans la médecine serait nécessaire, serait imminent, ou aurait déjà eu lieu
  5. Il est affirmé que la méthode serait basée sur la science moderne et il est fait référence à des concepts établis mais difficiles à comprendre par les profanes comme la théorie de la relativité et (maintenant fréquemment) la mécanique quantique (dans le sens de mystique quantique)
  6. Des termes empruntés aux sciences naturelles comme énergie, onde, fréquence, résonance ou champ sont utilisés de façon vague, mais souvent comme si ce que c'est était clair pour tout le monde, par exemple, un «champ»
  7. Énumération de noms de scientifiques célèbres comme Planck, Bohr, Einstein et Heisenberg
  8. Mention de noms comme Galilée ou Semmelweis à titre qu’exemples pour des chercheurs dont les découvertes se sont imposées mais n'ont été reconnues universellement que seulement beaucoup plus tard
  9. Des effets à distance des médications ou des vertus curatives sont revendiqués et justifiés par une « vision du monde/cosmologie holistique" ("dans l'univers tout est relié à tout") ou de nouveau par la mécanique quantique ("l'intrication quantique")
  10. Des théories simples, intuitives, sinon même naïves sur le soi-disant mécanisme d’action (souvent en plus de faire référence à des théories complexes comme celle de la physique quantique). Exemples : affamer le cancer avec une diète, brûler la tumeur par hyperthermie de l’ensemble du corps, suppression des oscillations/vibrations nocives par l’apport d’oscillations de polarité inverse (Biorésonance)
  11. Aucune contre-indication et aucun effet secondaire
  12. Les traitements sont efficaces pour beaucoup de maladies (ou même pour toutes) et à tous les stades de la maladie
  13. Les appareils de diagnostic et de thérapie sont non seulement recommandés pour le traitement des maladies, mais peuvent également être utilisés, par exemple, par les conseillers d’entreprises, les agences de rencontres, les géobiologues et les agriculteurs
  14. Les ordres de grandeur et les concentrations peuvent être rendus apparemment plus grands ou plus petits au moyen d’un usage frauduleux des systèmes d’unités

Voir aussi: Dix indices de charlatanisme

Phytothérapie pseudo-médicale avec des espèces végétales protégées

Beaucoup de méthodes utilisent des principes actifs d'origine végétale. On trouve parmi les plantes environ 350 espèces végétales protégées. Exemples:

  • Hoodia spp.
  • Prunier d'Afrique (Prunus africana, syn.Pygeum africanum). Commerciale interdite
  • Indien Kostuswurzel (Saussurea costus, syn. S. lappa)
  • Arnica
  • Curcuma canadien
  • Adonis

Un commerce de ces plantes ou de préparations de celles-ci est permis uniquement sous le contrôle spécial de l'organisation de la CITES (Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and Flora). En même temps la preuve de l'efficacité est souvent faible ou inexistante.

Beaucoup d'espèces végétales ont été tellement exploitées par des récoltes intensives sans scrupules pour une utilisation commerciale internationale qu'elles sont aujourd'hui menacées d'extinction.

Pseudo-médecine et protection des animaux

Ours noir d'Asie tenu captif pour l'extraction de la bile

Certains remèdes qui sont utilisés dans les méthodes pseudo-médicales (en particulier d'origine Extrême-Orientales) proviennent de la chasse d'animaux en voie de disparition ou qui sont par ailleurs protégés par la loi.

Sont utilisés par exemple les os de tigre ou la corne de rhinocéros pour augmenter la puissance sexuelle ou même l'hippocampe. Le braconnage de ces espèces, en raison des effets attribués au remède, met en danger de nombreuses espèces de manière inutile. Un autre exemple est la pêche massive d'hippocampes ou de requins pour l'obtention de cartilage de requin à des fins «médicales», moyennant quoi certaines espèces sont déjà menacées d'extinction.

L'acide ursodésoxycholique, un remède de la médecine traditionnelle chinoise, est encore toujours obtenu à partir de la bile d'ours noirs d'Asie vivants, à qui sont implantés, dans ce but, une canule permanente pour pouvoir "soutirer" quotidiennement les animaux. Il s'agit d'une cruauté inimaginable envers ces animaux, qui sont enfermés dans des cages étroites dans des dites fermes d'ours. L'acide ursodésoxycholique, une substance médicale efficace contre les maladies du foie, peut être fabriquée de manière purement synthétique depuis longtemps. Néanmoins, de nombreux acheteurs préfèrent la variante de provenance animale.

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Bibliographie

  • J. Brissonnet: Les pseudomédecines, coll. Zététique, Book-e-book.com, 2003.
    Le livre n'est malheureusement plus consultable en son intégrité, son auteur a dû en expurger un passage dans la partie concernant l'homéopathie à la demande d'une personne qui y était citée nominalement [3]
  • Edzard Ernst: The Desktop Guide to Complementary and Alternative Medicine. An evidence-based approach. Mosby, Harcourt Publishers Limited 2001 (anglais)
  • Colin Goldner: Alternative Diagnose- und Therapieverfahren: Eine kritische Bestandsaufnahme. Alibri 2008 (allemand)
  • Martin Lambeck: Irrt die Physik? Über alternative Medizin und Esoterik, Beck Verlag 2003 (allemand)
  • Simon Singh, Edzard Ernst: Trick or Treatment: The Undeniable Facts about Alternative Medicine. Random House 2008 (anglais)

Liens externes

Références

  1. http://www.drugstoremuseum.com/sections/level_info2.php?level_id=40&level=2
  2. http://science.org/red-flags2/
  3. http://www.pseudo-medecines.org/2018/04/vrais-medecins-sectes-et-medecines-non-conventionnelles-des-liaisons-dangereuses.html
    Jean Brissonnet : "J'ai écrit en 2003, il y a déjà bien longtemps, un premier livre intitulé « les pseudo médecine – un serment d'hypocrites [1]» . Au chapitre traitant de l'homéopathie j'évoquais la présence de nombreux médecins homéopathes au sein des sectes guérisseuses. J'écrivais en particulier : « deux autres homéopathes adeptes de la secte S ont été jugés pour homicide involontaire. Leur patiente souffrait d'une tumeur à la main elles ont été soignées par des harmonisations et des traitements homéopathiques préparés spécialement par le laboratoire T. La première, XX a déjà été radié de l'ordre des médecins pour faute grave et pour pratiques charlatanesques dont ont été victimes un malade du sida et de femmes souffrants de cancer ». J'avais à l'époque cité clairement le nom de cette homéopathe, car de nombreux articles de journaux confirmaient ces propos et les faits de l'époque en prouvaient l'incontestable réalité. [...]"