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Laetrile (ou laétrile orthographié à la française)[1] est un mot créé à partir des premières lettres de « laevorotatory » (lévogyre) et des dernières lettres de « mandélonitrile » et décrit une forme semi-synthétique de l'amygdaline.

L'amygdaline (orthographiée amygdalin dans les pages en anglais) tire son nom du grec amygdalis (amygdale), sa formule moléculaire est C20H27NO11 et son nom systématique (2R)-{[6-O-(β-D-Glucopyranosyl)-β-D-glucopyranosyl]oxy}(phenyl)acetonitrile; phenylacetonitrile est synonyme de Mandelonitril. Il est souvent appelé, à tort, Vitamine B 17. L'amydaline désigne un cyanogène, un glycoside végétal, qui, en présence d'eau, produit de l'acide cyanhydrique (aussi appelé acide prussique) (HCN[2]. Dans sa forme pure, c'est une substance incolore et cristalline. L'amygdaline est un composé qui peut être isolé à partir des noyaux de nombreux fruits, tels que les pêches, les amandes amères et les abricots. Le laetrile et l'amygdaline ont une composante structurelle commune, le mandélonitrile, qui contient du cyanure. Son utilisation est dangereuse et strictement rêglementée pour protéger les professionnels qui l'utilisent, surtout si ce sont des jeunes: "Travaux interdits aux jeunes de moins de 18 ans, sauf pour les besoins de leur formation "[3].

Utilisation de l'amygdaline en tant que remède anti-cancer

 
Noyaux d'abricots

L'amygdaline est parfois employée dans la médecine alternative en tant qu'éventuelle panacée contre le cancer et ces produits sont promus avec de la publicité mettant en avant des promesses de guérison intenables et mis sur le marché commercial bien qu'il n'y ait aucune autorisation de mise sur le marché de l'amygdaline en tant que médicament. Les prix vont jusqu'à 25 € / kg. Elle relève en tant que denrée alimentaire du Code de la consommation qui interdit une publicité concernant la santé, Article L121-1-1[4]. Les pharmacologues tiennent la pseudo-vitamine B17 pour un "remède miracle douteux". L'amygdaline est considérée en Allemagne comme une substance active médicamenteuse inquiètante. La fabrication, l'importation et le commerce ne sont pas autorisés. La délivrance d'amygdaline pour l'usage humain par le pharmacien est punissable selon le §5 de la loi sur les produits pharmaceutiques et peut, même sans cas de dommage concret, être poursuivie pénalement.

Certains utilisateurs de l'amygdaline complètent leur traitement par l'addition de DMSO (diméthylsulfoxyde).

Mécanisme d'action

 
L'amygdaline se décompose en glucose, en benzaldéhyde [5] et en acide cyanhydrique (Cyanwasserstoff en allemand)

L'amygdaline est décomposé par l'enzyme glucuronidase en benzaldéhyde, en cyanure (acide cyanhydrique) et en glucose (dextrose). Il est démontré que l'enzyme β-glucuronidase est présente dans le corps humain dans les cellules tumorales en très petites quantités, cependant cette enzyme est présente de même dans les cellules saines du corps et est produite par les bactéries dans l'intestin. Par conséquent, on ne peut pas supposer que la substance amygdaline nuise aux cellules cancéreuses sélectivement sans endommager les autres cellules saines. Le cyanure (acide cyanhydrique) libéré de la manière indiquée est très toxique car il bloque la respiration cellulaire. Il s'agit de suffocation au niveau cellulaire. La détoxification du cyanure a lieu normalement au moyen de l'enzyme rhodanese, grâce auquel le cyanure est converti en thiocyanate moins nuisible. Le Rhodanese se trouve de la même façon dans les cellules saines du corps, mais aussi dans les cellules tumorales. Etant donné que l'amygdaline, à cause de la grande concentration en Glukuronidase[6] dans l'intestin, doit être prise seulement en petites quantités (danger d'intoxication aïgue), la voie orale (par la bouche) est problématique. De grandes quantités d'amygdaline doivent être prises pour atteindre dans le sang et dans les tissus une grande concentration d'amygdaline. Par conséquent, dans le cadre d'essais cliniques, dans le passé, très souvent l'amygdaline a été injectée et ainsi été évité le passage au travers du tube digestif.

Tous les essais cliniques sur l'utilisation de l'amygdaline ont démontré l'inefficacité de celle-ci sur le cancer. .[7][8]

Il existe un risque d'intoxication mortelle par le cyanure. Plusieurs enfants sont morts ou ont souffert d'une intoxication potentiellement mortelle après avoir pris des comprimés de B17 parce que les parents croyaient en l'innocuité de comprimés de soi-disant vitamines.

La dose létale minimale pour un adulte de 60 kg de poids corporel est de 0,57 mg / kg, ce qui correspond à environ 40 noyaux d'abricot.[9]. Compte-tenu de la teneur en acide cyanhydrique, au vu de la valeur la plus basse du taux de métabolisme (taux de désintoxication) pour l'acide cyanhydrique qui est de 0, 1 mg / kg / h, il en ressort le résultat suivant: un adulte peut ainsi détoxifier, par le métabolisme, 6,0 mg par heure d'acide cyanhydrique, ce qui correspond à un taux de consommation de l'ordre de 7 noyaux par heure.[10]

Présence dans les denrées alimentaires

L'amygdaline, la prunasine et autres cyanogènes (les dérivés de l'acide cyanhydrique, dit aussi acide prussique), les glycosides (linamarine, lotaustraline (lin, légumes secs, manioc, etc), dhurrine (millet), Taxiphyllin (pousses de bambou), Sambunigrin (sureau) et plus de 70 autres) se trouvent en quantités importantes dans des aliments non transformés (supérieur à 0,02% en substances liées à l'acide cyanhydrique[11]). Grâce à des méthodes de transformation traditionnelles, la teneur en acide cyanhydrique est réduit à une concentration sans danger.

Les plus fortes concentrations d'acide cyanhydrique se trouvent dans les fruits de certaines rosacées, en particulier les amandes amères et les amandes d'abricot. Ainsi, les noyaux d'abricot contiennent jusqu'à 8% d'amygdaline[12], correspondant à environ 0,4% de substances liées à l'acide cyanhydrique, les amandes amères jusqu'à 5% (0,3% d'acide cyanhydrique)[13].

Par les partisans de la pseudo vitamine B17 sont souvent mentionnés d'autres denrées alimentaires, mais qui contiennent soit que des quantités négligeables de glycosides cyanogènes (mûres, fraises, haricots verts, petits pois), ou pour qui l'acide cyanhydrique est en grande partie éliminé par les méthodes traditionnelles de préparation des aliments (manioc/tapioca, igname, haricots de Lima).

La dose mortelle chez l'homme est d'environ 0,7 mg / kg de poids corporel ou d'une amande amère par kg de poids corporel. Toutefois sont considérés comme sans danger 5 microgrammes / kg de poids corporel, car ils ne sont jamais dépassés dans la nourriture habituelle, d'autant plus que ceux contenant le plus de produits liés à l'acide cyanhydrique ne sont jamais consomés crus aussi chez nous.

Wichtige cyanogene Nahrungspflanzen (Les plus importantes plantes comestibles cyanogènes), nach (selon) [14]
Cyanogenes Glykosid Gehalt/teneur (mg HCN/kg Nahrungsmittel / mg HCN/kg d'aliment) Nahrungsmittel/denrée alimentaire
Amygdalin 2,5 - 5 Bittermandel-, Pfirsich- und Aprikosenkerne/amande amère, noyaux de pêche, d'abricot
Amygdalin <1 Pflaumen-, Birnen- und Apfelkerne/noyaux de prune, de cerise, pépin de pomme
Prunasin 1,0 - 1,5 Kirschlorbeer/laurier-cerise
Linamarin 0,3 - 2,5 Maniok-knollen/tubercules de manioc
Linamarin bis 8 Bambussprossen (unreif)/pousses de bambou (vertes)
Linamarin bis 3 Lima-bohnen/haricots de Lima
Linamarin bis 0,5 Leinsamen/graines de lin
Dhurrin 0,3 - 2,5 Sorghum-Hirse/sorgo-millet
Sambunigrin 1 Holunder, Apfelkerne/sureau, pépins de pomme

Les victimes du business de l'amygdaline

  • Chad Green avait développé une leucémie lymphocytaire aiguë (ALL) à l'âge de 2 ans. Bien qu'il ait été rapidement mis en rémission avec une chimiothérapie, ses parents lui ont fait commencer une «thérapie métabolique» administrée par une sorte de médecin du métabolisme. Quand Chad a développé des signes de toxicité au cyanure, les autorités du Massachusetts l'ont placé sous tutelle judiciaire pour le traitement seulement. Ses parents ont alors intenté une procédure pour que la «thérapie métabolique» soit rétablie. Quand la court s'est prononcée contre eux, ils ont fui avec Chad au Mexique, où il a été traité par le docteur [Ernesto] Contreras. Plusieurs mois plus tard, Chad est décédé d'une manière suggérant un empoisonnement au cyanure. Le Dr Contreras a déclaré que le garçon était mort de leucémie, mais que c'était un bon exem]ple de l'efficacité du Laetrile parce qu'il était mort d'une mort agréable ! [15] [16]
  • Joseph Hofbauer était un enfant de neuf ans de New York, qui avait un lymphome de Hodgkin. Ses parents ont refusé les thérapies conventionnelles et également opté pour Laetrile. Le tribunal compétant a refusé de retirer la garde aux parents. L'enfant est mort deux ans plus tard. Aussi bien ALL (leucémie lymphatique aiguë), comme aussi le lymphome de Hodgkin, sont considérées comme des cancers qui sont traités avec succès.
  • L'acteur Steve McQueen aussi n'a pas survécu à un traitement avec du Laetrile que lui avait recommandé un William D. Kelley dans le cadre d'un traitement Kelley-Gonzales.

Propagandistes de l'amygdaline en Europe

Il existe des partisans des médecines alternatives, en général des théoriciens du complot dans le sillage de G. Edward Griffin[17], ou des malades qui en discutent dans le forums ou même proposent des blogs anonymes. Attention au centre de santé Juscogens (66230 Prats-de-Mollo-la-Preste, Pyrénées-Orientales) de Christian Joubert [nom complet: Christian Pierre Joubert] qui est très au fait de toutes les pratiques douteuses anti-cancer, y compris celle de l'ingestion d'Amygdaline / Laetrile [18]. Le centre de santé Juscogens de Christian Joubert a été rebaptisé "Centre de Bien-Être et de Médecine Holistique, on y retrouve le même colloque/congrès de 2004 organisé au prieuré de Marcevol[19]. Christian Joubert s'est présenté aux élections de Gouverneur exécutif de l'état de Washington en 2008 et 2012 sous l'étiquette du Holistic Party[20] et a de nouveau candidaté sous le nom de Christian Pierre Joubert pour le même poste en 2016.[21], le résultat des votes n'ont pas été glorieux.

Il faut aussi signaler la clinique d'un médecin allemand, le Dr Dieter Hartung, Hauptstraße 122, 77694 Kehl / Strasbourg (Allemagne). Sa clinique est installée en Allemagne, à Kehl, juste de l'autre côté du Rhin à quelques km de Strasbourg. Il vise la clientèle française, tout son site est en français ! [22][23]. Il se fait référencer dans toutes sortes d'annuaires médicaux. Le Dr Hartung propose aussi d'autres sortes de traitements anti-cancer dont l'effet curatif est dénié par l'ensemble de la communauté médicale: hyperthermie, la "détoxification", la vitamine C par perfusion, la thérapie par l'ozone (Oxygénothérapie active), le gui /Iscator (spécifité de la médecine anthroposophique de Rudolf Steiner) sous forme d'injections, l'hydrothérapie du colôn, la "vaccination" anti-cancer, etc.

Liens externes

  • http://www.sceptiques.qc.ca/quackwatch/tortducharlatanisme_000.htm Comment le charlatanisme fait du tort aux cancéreux. Par William T. Jarvis, Ph.D.
    "Votre argent ou votre vie" c'est ce que le voleur dit habituellement, mais le charlatan lui veut "votre argent ET votre vie!" Ceci est particulièrement vrai pour ce qui est des traitements de cancer de valeur douteuse. Les dommages causés par le charlatanisme peuvent être qualifiés économiques, directs, indirects, psychologiques et à la société. [...] Dans presque tous les cas de dommages que j'ai étudié, la foi déplacée a soit précédé l'emploi d'une procédure directement nuisible ou empêché les soins nécessaires indiqués. Le message fatal promulgué par les charlatans traitant le cancer est que "le traitment orthodoxe n'est pas fiable." Minimisant les avances dans la recherche et le traitement, dans la réglementation gouvernementale, et à la Société Américaine du Cancer, est l'outil fondamental à la promotion des approches "alternatives" dans le traitement du cancer.
    Un cas dont j'ai eu à investiguer en Oregon apporte un aperçu de la pensée et actions des "convainvus." Une propriétaire d'un magasin de produits de santé (health foods) un jour a découvert une masse à un de ses seins. Après l'avoir diagnostiquée comme un cancer, elle était fière de se vanter à ses amis dans le domaine des produits de santé qu'elle était pour "prouver une fois pour toutes" que ses produits nutritionnels sont efficaces. Malheureusement, 80% des masses mammaires auto-découvertes s'avèrent bénignes, mais la sienne était cancéreuse.
    Les premiers traitements qu'elle a utilisé étaient ceux décrits dans le livre intitulé 'The Grape Cure.' Ce livre maintient que le raisin a des "propriétés puissantes et antiseptiques"qui aident à "éliminer le mal en créant de nouveaux tissus." Selon le livre, "la purification et nettoyage" sont accomplis en ne mangeant que du raisin et buvant du jus de raisin jusqu'à l'arrêt de la perte de poids. Dans une deuxième phase, on peut ajouter au raisin d'autres fruits frais, des tomates et du lait sûr. Durant la troisième phase, on introduit une plus grande variété d'aliments crus, et pour la quatrième phase, une "diète mixte." Après plusieurs mois, il était évident que la cure de raisin n'a pas empêché la tumeur de grossir.
    Par la suite, elle a consulté un herboriste de sa communauté qui l'a traité avec des remèdes d'herbes pour environ six mois sans amélioration. Elle est ensuite partie pour le Mexique pour un traitement avec du laetrile. Plusieurs semaines plus tard, elle demanda à son mari de la ramener chez elle parce que le traitement avec le laetrile, lui aussi, était une faillite. Son mari s'en ai occupé pendant plus d'un an jusqu'au moment où la lésion devienne tellement grotesque et sa souffrance tellement intolérable qu'elle demanda d'être amenée chez un médecin pour la première fois. Elle est décédé cinq jours plus tard.
    La partie la plus effrayante de l'histoire est qu'elle est allé à sa tombe croyant encore qu'elle a agit de la bonne façon. Son mari, qui m'a conté les détails de cette tragédie, lui aussi a continué à croire à la valeur de la diète curative. Il a dit qu'il sait où elle s'est trompé, et que s'il ferait du cancer, il utiliserait le même traitement diététique correctement. Il continua à s'occuper du magasin d'aliments 'de santé', à référer des patients à l'herboriste, et prêcher les bienfaits du laetrile.
  • http://www.charlatans.info/cancer.shtml "Une étude a été faite portant sur 179 patients ayant un cancer intraitable et des lésions mesurables qui ont été traités avec du Laetrile. Comme il était de coutume à l'époque, ils reçurent aussi des vitamines et des enzymes pancréatiques. Seul un patient réunissait les critères d'une réaction partielle au traitement, 90% des sujets virent une progression de la maladie dans les 3 mois. La durée de vie moyenne n'était que de 4.8 mois."
  • https://quackwatch.org/related/Cancer/laetrile/ The Rise and Fall of Laetrile. Par Benjamin Wilson, M.D., publié le 18 mai 2019
    Laetrile est le nom commercial du laevo-mandelonitrile-bêta-glucuronoside, une substance prétendument synthétisée par Ernst T. Krebs, Jr. et enregistrée auprès de l'Office américain des brevets pour le traitement des "troubles de la fermentation intestinale". Ce composé est chimiquement apparenté à l'amygdaline, une substance que l'on trouve naturellement dans les noyaux des abricots et de divers autres fruits. La plupart des partisans du Laetrile pour le traitement du cancer utilisent indifféremment les termes "Laetrile" et amygdaline.

    L'amygdaline a été isolée à l'origine en 1830 par deux chimistes français. En présence de certaines enzymes, l'amygdaline se décompose en glucose, benzaldéhyde et cyanure d'hydrogène (qui est un poison). Elle a été testée comme agent anticancéreux en Allemagne en 1892, mais a été rejetée comme inefficace et trop toxique pour cet usage. Au début des années 1950, Ernst T. Krebs père et son fils Ernst ont commencé à utiliser une forme "purifiée" de l'amygdaline pour traiter les patients atteints de cancer. Depuis lors, les scientifiques ont testé des substances appelées "Laetrile" dans plus de 20 modèles de tumeurs animales ainsi que chez l'homme et n'ont trouvé aucun bénéfice, ni seul, ni en combinaison avec d'autres substances. En cours de route, ses partisans ont modifié leurs affirmations sur l'origine, la structure chimique, le mécanisme d'action et les effets thérapeutiques du Laetrile [1,2]. Sa place dans l'histoire est cependant assurée, en tant que centre des activités politiques visant à abolir les lois protégeant les Américains du charlatanisme.

    Krebs, le "grand-père" du Laetrile, a travaillé comme pharmacien avant d'entrer au Collège des médecins et chirurgiens de San Francisco, où il a obtenu son diplôme de médecine en 1903. Pendant la pandémie de grippe de 1918, il a apparemment acquis la conviction qu'un vieux remède indien à base de persil était efficace contre la grippe. Il créa la Balsamea Company à San Francisco pour commercialiser le remède sous le nom de Syrup Leptinol, qui, selon lui, était efficace contre l'asthme, la coqueluche, la tuberculose et la pneumonie également. Au début des années 1920, des stocks de sirop de leptinol ont été saisis par la FDA, qui a accusé ces allégations d'être fausses et frauduleuses. Dans les années 1940, Krebs père a fait la promotion du Mutagen, un mélange d'enzymes contenant de la chymotrypsine, qui, selon lui, était efficace contre le cancer. Lui et son fils ont également fait breveter et promouvoir l'"acide pangamique" (appelé plus tard "vitamine B15"), qui, selon eux, était efficace contre les maladies cardiaques, le cancer et plusieurs autres affections graves. Krebs, père, est mort en 1970 à l'âge de 94 ans.

    Ernst T. Krebs, Jr. - le "père" de Laetrile - a souvent été appelé "Dr. Krebs" bien qu'il n'ait pas de diplôme de doctorat reconnu. Il a fréquenté le Hahnemann Medical College de Philadelphie de 1938 à 1941, mais a été expulsé après avoir redoublé sa première année et échoué sa deuxième année [3]. Après avoir suivi des cours dans cinq collèges différents et avoir obtenu des notes faibles ou échoué dans ses cours de sciences, il a finalement obtenu une licence de l'université de l'Illinois en 1942 [3]. En 1973, après avoir donné une conférence d'une heure sur Laetrile, il a obtenu un "Doctor of Science" de l'American Christian College, un petit collège biblique aujourd'hui disparu à Tulsa, Oklahoma. L'école, fondée par l'évangéliste Billy James Hargis, n'avait pas de département scientifique et n'était pas habilitée par l'Oklahoma à délivrer des doctorats.

    L'origine de Laetrile

    Plusieurs versions du développement de Laetrile ont été publiées. Dans un livre publié en 1962, Krebs, père, a déclaré qu'il avait théorisé que les "protéines du cancer" pouvaient être décomposées par une enzyme qu'il avait préparée lorsqu'il était étudiant en pharmacie. Lorsque la substance s'est avérée trop toxique lors d'expériences sur les animaux, il l'a fait bouillir et a obtenu de meilleurs résultats. Cependant, selon Michael Culbert, un autre éminent promoteur du Laetrile, Krebs dirigeait une entreprise lucrative qui analysait le whisky de contrebande pour en extraire l'alcool de bois et a développé le Laetrile tout en travaillant sur un extrait aromatisant de bourbon. Au cours d'expériences avec une moisissure se développant sur les fûts dans lesquels le whisky était vieilli, il a isolé une enzyme qui, selon lui, pourrait avoir une activité anti-tumorale. Lorsque ses réserves de moisissures dans les fûts ont été épuisées, il est passé aux noyaux d'abricot et a utilisé des extraits (qu'il a appelés Sarcarcinase) pour divers tests sur les animaux et les humains au cours des deux décennies suivantes. En 1949, Krebs Jr. a modifié le procédé d'extraction de son père et a nommé le résultat Laetrile.

    L'historien James Harvey Young a noté que Krebs, Sr. a présenté une autre version aux responsables de la FDA lors d'une interview en 1962. Il a ensuite daté la naissance du Laetrile à 1951 et a déclaré qu'il l'avait testé sur des patients mais n'avait conservé aucun dossier [1]. Notant que cette version a été rendue publique beaucoup plus tôt que les autres, le Dr. Young soupçonne que l'origine de Laetrile a été antidatée pour tenter d'échapper aux nouvelles dispositions des lois de la FDA de 1938 et 1962 sur les médicaments. En 1977, après une enquête approfondie, le commissaire de la FDA, Donald Kennedy, a conclu:

    : Bien qu'il semble que le Dr Krebs père utilisait une substance, qui avait apparemment la marque Sarcarcinase, avant 1938, il n'y a aucune preuve que cette substance soit identique... à l'actuelle Laetrile [4].

    Arguments des partisans

    En 1902, un embryologiste écossais du nom de John Beard a émis la théorie selon laquelle les cellules cancéreuses et les cellules produites pendant la grossesse, appelées trophoblastes, sont une seule et même chose. Selon Beard, les trophoblastes envahissent la paroi utérine pour former le placenta et le cordon ombilical. Le pancréas produit alors de la chymotrypsine, qui détruit les trophoblastes. Beard a émis l'hypothèse que si le pancréas ne produit pas suffisamment de chymotrypsine, les trophoblastes circulent dans le corps de la mère et du nourrisson, les rendant ainsi vulnérables au cancer tout au long de leur vie.

    En 1945, Krebs, Jr. a fondé la John Beard Memorial Foundation pour "développer et appliquer" les théories de Beard. En 1950, les Krebs ont publié une version de la thèse de Beard et ont déclaré que l'amygdaline tue les cellules des trophoblastes là où la trypsine a échoué. Ils affirmaient que les tissus cancéreux sont riches en une enzyme qui fait que l'amygdaline libère du cyanure qui détruit les cellules cancéreuses. Selon cette théorie, les tissus non cancéreux sont protégés de ce sort par une autre enzyme qui rend le cyanure inoffensif. Après que les forces de l'ordre aient commencé à essayer d'interdire le Laetrile comme médicament, les Krebs ont affirmé que l'amygdaline est une vitamine ("B-17") et que le cancer est causé par une carence de cette vitamine. Aucune de ces théories n'est valable.

    Les allégations concernant l'efficacité du Laetrile ont également changé. Au début, on prétendait qu'il guérissait le cancer. Plus tard, on a prétendu qu'il "contrôlait" le cancer. Lorsque la théorie de la "vitamine" a été développée, elle a été présentée comme un moyen de prévention du cancer. On a également affirmé qu'elle était efficace pour soulager la douleur associée au cancer et pour faciliter le traitement par chimiothérapie.

    Examen scientifique

    L'un des premiers praticiens à utiliser Laetrile fut le docteur Arthur T. Harris, qui avait été formé en Écosse et aurait étudié l'embryologie sous la direction de John Beard. Harris, qui exerçait la médecine familiale en Californie du Sud, a rebaptisé son cabinet "Harris Cancer Clinic". Dans l'année qui suivit, il soumit un rapport au magazine Coronet qui affirmait qu'il "travaillait sur quelque chose ici qui sera la réponse au cancer si jamais il y en a une", mais le magazine ne fit pas état de ce qu'il faisait.

    À cette époque, l'Association médicale de Californie recevait des demandes de renseignements sur le Laetrile. Lorsque des membres de sa commission du cancer ont approché Krebs, père, il a affirmé que des essais "limités" de toxicité sur des animaux avaient été réalisés avec des résultats satisfaisants, mais que les dossiers avaient été détruits. Aucun essai sur l'homme n'avait été entrepris avec le Laetrile, mais la Commission s'est vu proposer des rapports de cas de patients chez lesquels des résultats spectaculaires auraient été observés. Cependant, les détails allégués par l'équipe Krebs n'ont pu être confirmés par d'autres sources. La Commission a pu obtenir une petite quantité de Laetrile pour des tests sur les animaux dans trois centres médicaux - qui ont tous donné des résultats négatifs.

    À un moment donné, l'équipe de Krebs a accepté de fournir du Laetrile pour une enquête clinique contrôlée au Los Angeles County Hospital. Mais plus tard, ils ont déclaré qu'ils ne le feraient que si un avocat du Laetrile était mis en charge - ce qui n'était pas acceptable pour les autorités de l'hôpital. La Commission a ensuite évalué les dossiers de 44 patients traités selon les recommandations de Krebs. Deux ans se sont écoulés depuis que le premier de ces patients a été traité avec du Laetrile. Dix-neuf étaient déjà morts et rien n'indiquait que le Laetrile avait aidé les autres.

    Un marketing accru

    En 1956, Ernst T. Krebs, Jr. a été présenté à Andrew R.L. McNaughton, qui a été surnommé le "parrain" du Laetrile par ses partisans. McNaughton est le fils de feu le général A.G.L. McNaughton, commandant des forces armées canadiennes pendant la Seconde Guerre mondiale. Le général McNaughton a également été président du Conseil de sécurité des Nations unies et du Conseil national de recherches du Canada.

    Andrew McNaughton a fait ses études dans un collège jésuite et a ensuite reçu une formation en génie électrique, géologie, mines et administration des affaires. Pendant la guerre, il a été le pilote d'essai en chef de l'Aviation royale du Canada. Par la suite, il a fait fortune en transformant des surplus de guerre obtenus à bon marché en produits utiles pour d'autres nations. Il a fourni des armes à la nation émergente d'Israël et a également été un agent double pour Fidel Castro, travaillant ostensiblement pour le gouvernement Batista à Cuba mais s'arrangeant souvent pour que les achats soient détournés par les partisans de Castro. Pour ses efforts, Castro en a fait un "citoyen d'honneur de Cuba".

    McNaughton a rencontré Krebs peu après qu'il ait créé la Fondation McNaughton, qui recherchait des projets "aux limites de la connaissance scientifique". Intrigué par le récit de Krebs sur les "guerres Laetrile", McNaughton commença à promouvoir et à distribuer le Laetrile. En 1961, pour faciliter la distribution au Canada, il a fondé International Biozymes Ltd. (rebaptisée par la suite Bioenzymes International Ltd), située dans le même bâtiment que la Fondation McNaughton. Il finit par construire des usines dans sept pays.

    Il a été allégué qu'un des principaux actionnaires de Biozymes (sous le nom de quelqu'un d'autre) était un mafieux du New Jersey qui a été condamné pour avoir conspiré en vue de soudoyer des fonctionnaires publics en rapport avec les jeux de hasard. En 1977, McNaughton a déclaré à American Medical News qu'il avait traité la sœur de l'homme avec du Laetrile et que l'homme était un "type formidable" qui avait donné 130 000 dollars à la Fondation McNaughton.

    Au cours des années 1970, McNaughton a connu des difficultés considérables dans ses relations financières. En 1972, il s'est vu interdire définitivement de vendre les actions de Biozymes aux États-Unis à la suite d'un procès intenté par la Securities and Exchange Commission. En 1973, il a été accusé par la police italienne d'avoir participé à une escroquerie de 17 millions de dollars impliquant des acheteurs d'actions Biozymes qui avaient l'impression d'investir dans une usine italienne de Laetrile. En 1974, dans un tribunal canadien, McNaughton a été reconnu coupable de fraude boursière impliquant une société nommée Pan American Mines. Il semble que 5 millions de dollars aient mystérieusement disparu. McNaughton a été condamné à une amende de 10 000 dollars et à une peine d'un jour de prison. Un mandat d'arrêt a été émis contre lui après qu'il ait refusé de payer l'amende et quitté le Canada sans avoir purgé sa peine.

    La publicité augmente

    En plus de superviser la production, McNaughton cherche également à faire de la publicité pour le Laetrile. Il réussit à convaincre un chirurgien de Jersey City, John A. Morrone, d'assister à une présentation que Krebs, Jr, donna à Montréal. Après avoir déjeuné avec Krebs, Jr., Morrone serait retourné dans le New Jersey en tant que "laetriliste convaincu" et aurait commencé à utiliser du Laetrile sur ses patients.

    À la demande de McNaughton, Morrone rédigea un rapport sur dix patients qu'il avait traités avec du Laetrile, qui fut publié en 1962 dans Experimental Medicine and Surgery, une revue qui n'est plus publiée. McNaughton s'est également arrangé pour qu'un écrivain indépendant nommé Glenn Kittler écrive deux articles de magazine et un livre sur le Laetrile. Kittler, qui avait étudié pour devenir prêtre avant de devenir journaliste, avait été rédacteur en chef adjoint du magazine Coronet en 1952. Les articles ont été publiés en mars 1963 dans American Weekly, un supplément dominical des journaux de Hearst. Immédiatement après, le livre de Kittler, Laetrile : Control for Cancer, a été imprimé à la hâte avec un tirage initial de 500 000 exemplaires. Le livre comportait une préface de McNaughton - avec l'adresse de sa Fondation à Montréal. Selon Kittler, l'éditeur du livre était tellement convaincu que la publicité des articles ferait augmenter les ventes qu'il n'a pas envoyé de publicité pré-publication aux distributeurs de livres. Lorsque les ventes ont pris du retard, M. Kittler a affirmé que les pressions exercées par l'AMA et la FDA étaient en partie responsables.

    Groupes de soutien

    Les efforts de McNaughton et Kittler n'ont cependant pas été vains. Cecile Hoffman était une enseignante de San Diego qui avait subi une mastectomie radicale en 1959. Après avoir lu le livre de Kittler, elle se rend à la Fondation McNaughton à Montréal et reçoit du Laetrile. Bien qu'elle n'ait pas pu trouver un médecin américain qui lui aurait administré des injections intraveineuses de Laetrile, elle a trouvé le docteur Ernesto Contreras, juste de l'autre côté de la frontière mexicaine, à Tijuana. Ce fut peut-être la chose la plus chanceuse qui soit jamais arrivée au Dr Contreras.

    Contreras était un ancien pathologiste de l'armée mexicaine qui exerçait en cabinet privé à Tijuana. Après qu'il lui ait administré le Laetrile, Mme Hoffman a acquis la conviction que ce médicament contrôlait son cancer et lui a sauvé la vie. Elle est restée une fervente partisane du Laetrile jusqu'à sa mort d'un cancer du sein métastatique en 1969. Les convictions de Mme Hoffman l'ont amenée à créer l'Association internationale des victimes du cancer et de leurs amis (IACVF) en 1963. L'objectif de l'IACVF était "d'éduquer le grand public sur les options disponibles pour les patients atteints de cancer, en particulier les patients en phase terminale". En s'associant aux promoteurs de l'industrie alimentaire, l'association a commencé à organiser des conventions annuelles à Los Angeles qui ont attiré des milliers de personnes. Ces réunions ont offert un forum à pratiquement tous ceux qui promettaient ou vendaient un remède contre le cancer dont l'efficacité n'était pas reconnue par la communauté scientifique. Les Krebs ont souvent pris la parole lors de ces conférences. L'IACVF a également fondé la Cancer Book House, qui vendait de la littérature promouvant des traitements anticancéreux peu orthodoxes. En outre, elle a organisé le logement, la nourriture et le transport à la clinique de Contreras depuis un motel californien près de la frontière.

    Contreras, quant à lui, a agrandi sa clinique et ajouté des traducteurs à son personnel pour faire face à l'afflux de patients américains. Les affaires sont si florissantes qu'en 1970, il construit une nouvelle clinique - le Del Mar Medical Center and Hospital - qu'il présente comme "une oasis d'espoir". (Son établissement s'appelle aujourd'hui "Oasis of Hope Hospital", est dirigé par son fils Francisco Contreras [24], il y est toujours proposé en 2017 Laetrile Cancer Therapy [25]).

    En 1973, plusieurs dirigeants ont quitté l'IACVF pour fonder la Société de contrôle du cancer, dont les activités sont similaires à celles de l'IACVF. Un autre groupe promouvant des thérapies anticancéreuses douteuses est la National Health Federation (NHF), qui soutient un large éventail de méthodes de santé douteuses. Ce groupe a été fondé en 1955 par Fred J. Hart, président de l'Electronic Medical Foundation, une société qui commercialisait des appareils de charlatanisme. La NHF parraine des réunions, génère des campagnes de lettres massives et aide à défendre des méthodes douteuses devant les tribunaux. Quatre personnes qui ont siégé à son conseil d'administration et le mari de son actuelle présidente ont été condamnés pour des crimes liés à la létrification.

    Problèmes juridiques

    Les efforts de McNaughton et Kittler n'ont cependant pas été vains. Cecile Hoffman était une enseignante de San Diego qui avait subi une mastectomie radicale en 1959. Après avoir lu le livre de Kittler, elle se rend à la Fondation McNaughton à Montréal et reçoit du Laetrile. Bien qu'elle n'ait pas pu trouver un médecin américain qui lui aurait administré des injections intraveineuses de Laetrile, elle a trouvé le docteur Ernesto Contreras, juste de l'autre côté de la frontière mexicaine, à Tijuana. Ce fut peut-être la chose la plus chanceuse qui soit jamais arrivée au Dr Contreras.

    Contreras était un ancien pathologiste de l'armée mexicaine qui exerçait en cabinet privé à Tijuana. Après qu'il lui ait administré le Laetrile, Mme Hoffman a acquis la conviction que ce médicament contrôlait son cancer et lui a sauvé la vie. Elle est restée une fervente partisane des Laetrile jusqu'à sa mort d'un cancer du sein métastatique en 1969. Les convictions de Mme Hoffman l'ont amenée à créer l'Association internationale des victimes du cancer et de leurs amis (IACVF) en 1963. L'objectif de l'IACVF était "d'éduquer le grand public sur les options disponibles pour les patients atteints de cancer, en particulier les patients en phase terminale". En s'associant aux promoteurs de l'industrie alimentaire, l'association a commencé à organiser des conventions annuelles à Los Angeles qui ont attiré des milliers de personnes. Ces réunions ont offert un forum à pratiquement tous ceux qui promettaient ou vendaient un remède contre le cancer dont l'efficacité n'était pas reconnue par la communauté scientifique. Les Krebs ont souvent pris la parole lors de ces conférences. L'IACVF a également fondé la Cancer Book House, qui vendait de la littérature promouvant des traitements anticancéreux peu orthodoxes. En outre, elle a organisé le logement, la nourriture et le transport à la clinique de Contreras depuis un motel californien près de la frontière.

    Contreras, quant à lui, a agrandi sa clinique et ajouté des traducteurs à son personnel pour faire face à l'afflux de patients américains. Les affaires sont si florissantes qu'en 1970, il construit une nouvelle clinique - le Del Mar Medical Center and Hospital - qu'il présente comme "une oasis d'espoir". (Son établissement s'appelle aujourd'hui "Oasis of Hope Hospital", est dirigé par son fils Francisco Contreras [26], il y est toujours proposé en 2017 une Laetrile Cancer Therapy. [27]).

    En 1973, plusieurs dirigeants ont quitté l'IACVF pour fonder la Société de contrôle du cancer, dont les activités sont similaires à celles de l'IACVF. Un autre groupe promouvant des thérapies anticancéreuses douteuses est la National Health Federation (NHF), qui soutient un large éventail de méthodes de santé douteuses. Ce groupe a été fondé en 1955 par Fred J. Hart, président de l'Electronic Medical Foundation, une société qui commercialisait des appareils de charlatanisme. La NHF parraine des réunions, génère des campagnes de lettres massives et aide à défendre des méthodes douteuses devant les tribunaux. Quatre personnes qui ont siégé à son conseil d'administration et le mari de son actuelle présidente ont été condamnés pour des crimes liés à la létrification.

    Des efforts supplémentaires pour la respectabilité

    La Fondation McNaughton s'est obstinée à essayer de rendre Laetrile respectable. Elle a chargé les laboratoires SCIND de San Francisco de mener des études sur les animaux en utilisant un système de tumeur transplanté chez les rats. Bien que la Fondation ait rapporté que des doses hebdomadaires de 1 ou 2 grammes de Laetrile avaient produit "une réponse brillante" chez des patients cancéreux et que les rats aient reçu des équivalents humains de 30 à 40 grammes, les résultats ont été négatifs.

    La Fondation McNaughton n'a pas été découragée par ce rapport négatif et a déposé une demande de médicament expérimental auprès de la FDA. La FDA a répondu par une lettre type de routine donnant la permission - sous réserve d'un examen plus approfondi - de procéder à des essais cliniques expérimentaux sur le Laetrile. Toutefois, huit jours plus tard, lorsque l'examen a été terminé, l'agence a demandé des informations supplémentaires à la Fondation McNaughton pour corriger les "graves lacunes" de la demande. Lorsque ces informations n'ont pas été produites, l'autorisation d'essais cliniques a été retirée.

    Alors que la Fondation McNaughton tentait de faire reconnaître Laetrile comme un médicament, Krebs, Jr, commença à prétendre qu'il s'agissait d'une vitamine, qu'il appelait B17. (Il ne lui a fallu qu'une vingtaine d'années pour arriver à cette conclusion.) Krebs espérait apparemment qu'en tant que "vitamine", le Laetrile ne serait pas soumis aux exigences de "sécurité et d'efficacité" des nouveaux médicaments. Il espérait peut-être aussi profiter de la popularité des vitamines.

    En 1974, le Dr Contreras a déclaré qu'il voyait 100-120 nouveaux patients par mois, et que beaucoup d'autres patients revenaient pour obtenir du Laetrile supplémentaire. Les patients devaient généralement payer 150 dollars pour un mois de traitement. Contreras a reconnu que peu de ses patients atteints de cancer étaient "contrôlés" par le Laetrile. Tout en admettant que 40 % des patients ne présentaient aucune réponse, il a affirmé que 30 % d'entre eux présentaient "la plupart des réponses définitives" au médicament. Cependant, ces statistiques ne sont peut-être pas fiables. En 1979, il a affirmé avoir traité 26 000 cas de cancer en 16 ans. Pourtant, lorsque la FDA lui a demandé de fournir ses exemples de réussite les plus spectaculaires, Contreras n'a présenté que 12 cas. Six des patients étaient morts d'un cancer, un avait utilisé un traitement anticancéreux conventionnel, un était mort d'une autre maladie après l'ablation du cancer, un avait encore un cancer et les trois autres n'avaient pas pu être localisés [8].

    Le premier médecin "métabolique

    John Richardson était un médecin généraliste qui a commencé à exercer dans la région de la baie de San Francisco en 1954. En 1971, après des discussions avec Krebs Jr, il a décidé de devenir cancérologue. Il n'avait pas rencontré un succès retentissant en tant que médecin généraliste. Sa déclaration de revenus de 1972 a révélé qu'il avait gagné 88 000 dollars dans sa pratique médicale, laissant un revenu net imposable de seulement 10 400 dollars.

    Le cabinet de Richardson a connu un boom en raison de son nouveau statut d'"expert" en cancérologie. Il déclare que "Notre cabinet s'est vite rempli de visages que nous n'avions jamais vus auparavant - des visages pleins d'espoir d'hommes et de femmes qui avaient été abandonnés par la médecine orthodoxe comme des cas désespérés ou "en phase terminale"". En 1974, il a déclaré que son cabinet médical avait réalisé un chiffre d'affaires de 783 000 dollars, avec un revenu net de 172 981 dollars. En faisant payer aux patients 2 000 dollars pour un traitement de Laetrile, Richardson a réussi à multiplier son revenu net par 17 en deux ans seulement. Selon ses déclarations de revenus, Richardson a tiré 2,8 millions de dollars de son cabinet de Laetrile entre janvier 1973 et mars 1976. Le montant réel de l'argent qu'il a reçu est peut-être même plus élevé. Dans les dossiers de Laetrile, il affirme avoir traité 4 000 patients, avec un coût moyen de 2 500 dollars par patient. Culbert affirme qu'en 1976, Richardson avait traité 6 000 patients. Si ces chiffres sont corrects, Richardson aurait gagné entre 10 et 15 millions de dollars pendant cette période.

    La pratique de Richardson a considérablement changé après qu'il ait commencé à traiter des patients atteints de cancer avec du Laetrile. Il a également commencé à traiter avec du Laetrile ce qu'il appelait des patients atteints de "syndrome pré-clinique". Il s'agissait de patients sans tumeur ou lésion identifiable qui se plaignaient de sentiments de "malheur imminent, de malaise, de douleurs inexpliquées ou vagues, de maux de tête, de changements intestinaux, de perte d'appétit, de perte d'énergie et de dépression". Selon M. Richardson, les patients atteints de cancer ont fait état d'une diminution de la douleur, d'une amélioration de l'appétit, d'un retour de force et d'une amélioration des perspectives mentales. En outre, la pression artérielle est revenue à la normale.

    Malgré ces "améliorations spectaculaires", M. Richardson a admis que la plupart de ses patients cancéreux sont morts. Pour tenter de surmonter cette situation, il a augmenté la dose de Laetrile à neuf grammes, six jours par semaine, et a placé les patients sous régime végétarien et sous des doses "massives" de vitamines régulières. Richardson a inventé l'expression "thérapie métabolique" pour désigner cette combinaison de manipulation du régime alimentaire, de vitamines et de Laetrile.

    En juin 1972, le bureau de Richardson a été perquisitionné et il a été arrêté pour avoir violé la loi californienne sur le cancer. Il a été reconnu coupable de ce chef d'accusation, mais la condamnation a été annulée pour vice de forme et un nouveau procès a été ordonné. Deux autres procès ont suivi, qui se sont soldés par des jurys suspendus. Les audiences devant le California Board of Medical Quality Assurance en 1976 ont abouti à la révocation de sa licence médicale californienne. Il a ensuite travaillé dans une clinique mexicaine de traitement du cancer. Au cours des années 1980, il a exercé sous licence homéopathique au Nevada jusqu'à ce qu'il subisse une opération à cœur ouvert et entre dans un coma irréversible.

    L'explosion politique

    L'arrestation du Dr Richardson a déclenché la formation du Comité pour la liberté de choix en matière de cancérothérapie (appelé plus tard Comité pour la liberté de choix en matière de médecine). Le fondateur et président du groupe était Robert Bradford, un ancien technicien de laboratoire de l'université de Stanford. Michael Culbert, qui au moment de l'arrestation de Richardson était rédacteur au Berkeley Daily Gazette, est devenu un porte-parole important du Comité, en publiant leur bulletin d'information, The Choice, et en écrivant deux livres pour promouvoir le Laetrile : La vitamine B-17 : Forbidden Weapon Against Cancer (1974) et Freedom From Cancer (1976).

    Culbert a été aidé dans la rédaction de The Choice par Maureen Salaman, épouse du vice-président du Comité, Frank Salaman. Le conseiller législatif du Comité était le membre du Congrès de Géorgie Larry McDonald, un urologue qui a utilisé du Laetrile. Les activités de la CFCCT étaient étroitement liées à la John Birch Society, à laquelle appartenaient Richardson, Bradford, Culbert, les Salamans et McDonald. Peu après sa création, CFCCT a établi des chapitres locaux dans tous les États-Unis et a utilisé les librairies associées à la John Birch Society pour organiser des réunions et distribuer de la littérature.

    En mai 1976, Richardson a été inculpé, avec son directeur de bureau, Ralph Bowman, et ses collègues membres de la CFCCT, Robert Bradford et Frank Salaman, pour avoir conspiré en vue de faire passer le Laetrile en contrebande. Un an plus tard, ils ont tous été condamnés. Bradford a été condamné à une amende de 40 000 dollars, Richardson à 20 000 dollars, et Salaman et Bowman à 10 000 dollars chacun. Au cours du procès, il a été révélé que Bradford avait payé 1,2 million de dollars pour 700 cargaisons de Laetrile et que Richardson avait mis en banque plus de 2,5 millions de dollars sur une période de 27 mois.

    Le scientifique du NCI

    Bien que confronté à des problèmes sur certains fronts, le mouvement Laetrile a gagné des adhérents. Le Dr Dean Burk était un biochimiste titulaire d'un doctorat du Cornell Medical College qui avait rejoint le National Cancer Institute (NCI) en 1939 en tant que chercheur universitaire. Au bout de dix ans, il a été nommé chef de la section de cytochimie du NCI, qui comptait quatre personnes au moment de sa retraite, 25 ans plus tard.

    À la demande de McNaughton, Burk a réalisé une expérience dans laquelle du Laetrile a été utilisé pour tuer une culture de cellules cancéreuses. Il a rapporté à McNaughton qu'il pouvait "voir les cellules cancéreuses mourir comme des mouches". Finalement, Burk a conclu que le Laetrile était le traitement le plus efficace disponible pour le cancer, qu'il soulageait la douleur des victimes de cancer en phase terminale, et qu'il pourrait être utile dans la prévention du cancer. Il a également affirmé dans un témoignage au Congrès que le Laetrile était moins toxique que le sucre. Burk se lia rapidement d'amitié avec Krebs, Jr. et reçut une chambre permanente dans le manoir de Krebs à San Francisco. Il fait bientôt partie du "circuit Laetrile" et reçoit le "Prix humanitaire" de la Société de lutte contre le cancer en 1973.

    Burk s'est également opposé activement à la fluoration et s'est exprimé contre celle-ci dans de nombreuses villes des États-Unis et d'Europe. Consommateur invétéré de tabac, il a affirmé dans un témoignage au Congrès qu'il avait mis au point une cigarette plus sûre.

    Le professeur

    En 1977, le docteur Harold W. Manner, directeur du département de biologie de l'université Loyola de Chicago, a acquis une notoriété considérable en prétendant avoir guéri des cancers du sein chez des souris grâce à des injections d'enzymes de Laetrile et protéolytiques et à des doses orales massives de vitamine A. Ce qu'il a fait en réalité, c'est digérer les tumeurs en injectant des enzymes digestives en quantités équivalentes à celles d'une pinte d'eau salée contenant environ 1½ onces d'attendrisseur à viande tous les deux jours pendant six semaines. Sans surprise, les souris ont développé des abcès où les enzymes ont été injectées, les tumeurs se sont liquéfiées et le tissu injecté est tombé. Étant donné qu'aucun examen microscopique n'a été effectué et que les animaux n'ont été observés que pendant quelques semaines après le traitement, aucune évaluation légitime de ce type de thérapie n'aurait pu être faite. Mais Manner a annoncé, lors d'une conférence de presse parrainée par la Fédération nationale de la santé, qu'une combinaison de Laetrile, de vitamines et d'enzymes était efficace contre le cancer. Il a rapporté ses expériences dans une revue chiropratique et a écrit un livre intitulé "La mort du cancer".

    M. Manner a également fondé la Metabolic Research Foundation, dont l'objectif déclaré est la recherche sur les "maladies métaboliques", qui, selon lui, comprennent l'arthrite, la sclérose en plaques et le cancer. Parrainé par la société Nutri-Dyn, il a organisé des séminaires dans tout le pays pour les chiropracteurs et les médecins non orthodoxes [9]. Nutri-Dyn fabrique des glandes animales transformées ("glandulaires") qui, selon M. Manner, aident les parties du corps correspondantes des patients atteints de cancer. En 1982, un journaliste de WBBM-TV Chicago est devenu le médecin du métabolisme n°219 en participant à un séminaire à Los Angeles et en faisant un don de 200 dollars à la Metabolic Research Foundation. Pour indiquer son parcours "professionnel", le journaliste a utilisé les initiales "D.N.", qui, comme il l'a expliqué plus tard, signifiait "Docteur de rien". Manner a promis de lui adresser dix patients par an.

    Selon M. Manner, les responsables de l'université Loyola se sont fâchés contre ses activités et lui ont demandé soit d'y renoncer, soit de démissionner de son poste à l'école. Au début des années 80, il a quitté son poste d'enseignant, s'est affilié à une clinique de Tijuana qui proposait une "thérapie métabolique". Il est décédé en 1988, mais la clinique fonctionne toujours.

    L'affaire Rutherford

    Glen Rutherford était un vendeur de graines du Kansas âgé de 55 ans. En 1971, on a découvert qu'il avait un polype du côlon de la taille d'un raisin. Lorsqu'une biopsie a révélé qu'il était cancéreux, on lui a conseillé de le faire enlever. Craignant la chirurgie, il a consulté le Dr Contreras, qui l'a traité avec du Laetrile, des vitamines et des enzymes, et a cautérisé (brûlé) le polype. Bien que la cautérisation guérisse généralement ce type de cancer lorsqu'il est localisé dans un polype, Rutherford est sorti de cette expérience en affirmant que le Laetrile l'avait guéri et était nécessaire pour le maintenir en vie. Le magazine People a rapporté qu'il avait également commencé à prendre 111 pilules (principalement des vitamines) coûtant 14 dollars par jour. En 1975, il est devenu le principal demandeur dans un recours collectif visant à forcer la FDA à permettre aux patients atteints d'un cancer "en phase terminale" de se procurer du Laetrile pour leur propre usage.

    L'affaire a été entendue par le juge Luther Bohanon au tribunal de district de l'Oklahoma occidental aux États-Unis. Bohanon était extrêmement sympathique aux souhaits de Rutherford. En 1977, Bohanon a émis une ordonnance du tribunal autorisant les individus à importer du Laetrile pour leur usage personnel s'ils obtenaient une déclaration sous serment d'un médecin indiquant qu'ils étaient "en phase terminale". Deux ans plus tard, la Cour suprême des États-Unis a rejeté l'argument selon lequel les médicaments offerts aux patients "en phase terminale" devraient être exemptés de la réglementation de la FDA [10]. Cependant, les efforts supplémentaires de Rutherford et de ses partisans, ainsi que les décisions de défiance de Bohanon, ont permis au système de déclaration sous serment de rester en vigueur jusqu'en 1987, date à laquelle il a finalement été dissous.

    Action législative

    Au milieu des années 1970, les promoteurs du Laetrile se sont présentés comme des "petits gars" luttant contre le "grand gouvernement" et ont commencé à essayer de légaliser la vente du Laetrile. Finalement, 27 États ont adopté des lois autorisant la vente et l'utilisation de Laetrile sur leur territoire. La loi fédérale interdisait toujours le transport de Laetrile entre les États et, comme il était impossible de le fabriquer pour être utilisé dans un seul État, ces lois n'avaient que peu ou pas d'effet pratique. Les partisans espéraient cependant que si un nombre suffisant d'États légalisaient son utilisation au sein des États, le Congrès modifierait également la loi fédérale. Bien que des projets de loi aient été présentés pour exempter le Laetrile de la juridiction de la FDA, ils n'ont pas abouti et se sont éteints avec la mort du membre du Congrès McDonald en 1983.

    En 1977, une sous-commission du Sénat américain présidée par le sénateur Edward Kennedy (D-MA) a tenu des audiences sur le Laetrile qui ont donné lieu à des témoignages intéressants. Le Dr Richardson a affirmé que la FDA, l'AMA, le NCI, l'American Cancer Society, la famille Rockefeller et les grandes compagnies pétrolières et pharmaceutiques avaient tous conspiré contre le Laetrile. Robert Bradford a déclaré qu'il accueillerait favorablement un test du Laetrile mais que "la médecine orthodoxe n'était pas qualifiée" pour en faire un. Cependant, il ne parvient pas à se mettre d'accord sur la formule de Laetrile avec Krebs, Jr. Le sénateur Kennedy a conclu que les dirigeants du Laetrile étaient "des vendeurs malins qui offriraient un faux espoir" aux patients atteints de cancer. Le New York Times a commenté que les promoteurs de Laetrile étaient considérés par les sénateurs "avec un mélange d'amusement et de mépris".

    Les victimes dans l'actualité

    Lorsque Laetrile est devenu un sujet d'actualité, plusieurs victimes de cancer traitées avec lui ont attiré l'attention des médias. L'un d'entre eux, Chad Green, a développé une leucémie lymphocytaire aiguë à l'âge de deux ans. Bien qu'il ait été rapidement mis en rémission grâce à la chimiothérapie, ses parents l'ont mis sous "thérapie métabolique" administrée par un médecin spécialisé dans les troubles du métabolisme. Lorsque Chad a développé des signes de toxicité au cyanure, les autorités du Massachusetts l'ont fait déclarer pupille du tribunal à des fins de traitement uniquement. Ses parents ont alors intenté un procès pour rétablir la "thérapie métabolique". Lorsque le tribunal s'est prononcé contre eux, ils se sont enfuis avec Tchad vers le Mexique, où il a été soigné par le Dr Contreras. Plusieurs mois plus tard, Chad est mort d'une manière qui laisse penser à un empoisonnement au cyanure. Le Dr Contreras a déclaré que le garçon était mort de leucémie, mais qu'il était un bon exemple de l'efficacité de Laetrile car il était mort d'une mort agréable ! Les parents de Chad ont déclaré qu'il était devenu très déprimé parce que ses grands-parents, ses amis et son chien lui manquaient.

    Joseph Hofbauer était un enfant de 9 ans atteint de la maladie de Hodgkin. Contrairement aux parents de Chad Green, les parents de Joseph ne lui ont jamais permis de recevoir un traitement approprié mais ont insisté pour qu'il reçoive du Laetrile et une "thérapie métabolique". Lorsque les autorités de l'État de New York ont tenté de le placer en détention préventive, ses parents ont porté plainte et ont convaincu le juge Loren Brown du tribunal de la famille de laisser les parents prendre la décision relative au traitement. Brown a déclaré que "ce tribunal estime également que la thérapie métabolique a sa place dans notre société et que, espérons-le, ses partisans se trouvent sur le premier échelon d'une échelle qui nous débarrassera de toutes les formes de cancer". Les parents ont rejeté le traitement standard, et Joseph est mort de sa maladie deux ans plus tard. La leucémie lymphocytaire aiguë et la maladie de Hodgkin ont toutes deux un taux de survie de 95% à 5 ans avec une chimiothérapie appropriée.

    En 1977, le magazine FDA Consumer a décrit des cas de personnes ayant subi un préjudice du fait de l'utilisation de Laetrile [11] et le commissaire de la FDA a émis un avertissement public important.

    En 1980, la star de cinéma Steve McQueen a attiré une attention considérable lorsqu'il a été traité au Laetrile dans une autre clinique mexicaine sous la supervision de William D. Kelley, un dentiste qui avait été agréé par l'État du Texas après plusieurs contacts avec les autorités policières fédérales et d'État. Bien que McQueen ait donné un rapport élogieux lorsqu'il a commencé son traitement, il est mort peu après.

    Études du NCI

    En réponse aux pressions politiques, l'Institut national du cancer a réalisé deux études impliquant du Laetrile. La première était une analyse rétrospective des patients traités avec du Laetrile. Des lettres ont été envoyées à 385 000 médecins aux États-Unis ainsi qu'à 70 000 autres professionnels de la santé pour leur demander des rapports de cas de patients atteints de cancer dont on pensait qu'ils avaient bénéficié de l'utilisation du Laetrile. En outre, les différents groupes pro-Laetrile ont été invités à fournir des informations concernant ces patients.

    Bien qu'il ait été estimé qu'au moins 70 000 Américains avaient utilisé le Laetrile, seuls 93 cas ont été soumis pour évaluation. Vingt-six de ces rapports n'étaient pas suffisamment documentés pour permettre une évaluation. Les 68 cas restants ont été "mis en aveugle" et soumis à un groupe d'experts pour examen, ainsi que les données de 68 patients similaires ayant reçu une chimiothérapie. De cette façon, le panel ne savait pas quel traitement les patients avaient reçu. Le panel a estimé que deux des cas traités par Laetrile ont montré une rémission complète de la maladie, quatre une rémission partielle et les 62 cas restants n'ont montré aucune réponse mesurable. Aucune tentative n'a été faite pour vérifier que les patients qui auraient pu bénéficier de Laetrile existaient réellement. Les examinateurs ont conclu que "les résultats ne permettent pas de conclusions définitives soutenant l'activité anticancéreuse du Laetrile".

    Bien que l'envoi du NCI n'ait pas été conçu pour découvrir des rapports de cas négatifs, 220 médecins ont soumis des données sur plus de 1 000 patients qui avaient reçu du Laetrile sans aucune réponse bénéfique.

    En juillet 1980, le NCI a entrepris des essais cliniques sur 178 patients cancéreux qui avaient reçu du Laetrile, des vitamines et des enzymes à la clinique Mayo et dans trois autres centres anticancéreux importants. L'étude a porté sur des patients pour lesquels aucun autre traitement n'avait été efficace ou pour lesquels on ne connaissait aucun traitement éprouvé. Tous les patients avaient des masses tumorales facilement mesurables, mais la plupart des patients étaient en bonne condition physique. Comme les partisans du Laetrile n'ont pas pu s'entendre sur la formule ou le protocole d'essai du Laetrile, NCI a décidé d'utiliser une préparation correspondant à la substance distribuée par le principal fournisseur mexicain, American Biologics. La préparation a été fournie par la direction des ressources pharmaceutiques de NCI et vérifiée par divers tests. Le dosage de Laetrile était basé sur les recommandations publiées par Krebs, Jr. et la Fondation Bradford.

    Les résultats de l'essai étaient clairs. Pas un seul patient n'a été guéri ou même stabilisé. Le taux de survie médian était de 4,8 mois à partir du début du traitement, et chez ceux qui étaient encore en vie après sept mois, la taille de la tumeur avait augmenté. C'était le résultat attendu pour les patients ne recevant aucun traitement. En outre, plusieurs patients ont présenté des symptômes de toxicité au cyanure ou ont eu des taux sanguins de cyanure proches de la létalité [12]. Un éditorial d'accompagnement concluait :

    :Le Laetrile a fait son temps au tribunal. Les preuves, au-delà de tout doute raisonnable, sont qu'il ne bénéficie pas aux patients atteints d'un cancer avancé, et il n'y a aucune raison de croire qu'il serait plus efficace dans les premiers stades de la maladie... Le moment est venu de clore les comptes [13].

    Bradford et American Biologics ont répondu à l'étude par trois procès différents contre le National Cancer Institute, alléguant qu'à la suite de l'étude, ils avaient subi de graves dommages financiers en raison d'une chute drastique de la demande de Laetrile. Les trois procès ont été rejetés. Aujourd'hui, peu de sources de Laetrile sont disponibles aux États-Unis, mais il est toujours utilisé dans les cliniques mexicaines et commercialisé sous le nom d'amygdaline ou "vitamine B-17" sur Internet.

    Quelques réflexions finales

    Tant qu'il restera des maladies invalidantes et mortelles, il y aura sans aucun doute des individus désireux d'offrir des "alternatives" aux traitements scientifiques et un grand nombre d'individus désespérés prêts à les acheter. Le phénomène Laetrile a commencé avec un pharmacien-médecin qui a développé une concoction après l'autre pour le traitement de maladies graves, en particulier le cancer. Il s'est poursuivi avec son fils, un scientifique imaginaire, qui a passé de nombreuses années à l'université mais n'a pas réussi à obtenir un diplôme d'études supérieures. Un homme qui a gagné sa fortune grâce au trafic d'armes et un chroniqueur de journal catholique en ont fait la promotion en tant que médicament persécuté qui guérissait le cancer. Un cadre des membres de la John Birch Society a considéré la répression du Laetrile comme un sinistre complot contre leurs libertés fondamentales. Après qu'il ait été surnommé "vitamine B-17", une armée de fervents de l'alimentation saine a fait la promotion du Laetrile, avec les vitamines et le régime alimentaire, comme la réponse de la nature au cancer.

    Après avoir atteint un sommet à la fin des années 1970, le "Mouvement Laetrile" s'est essoufflé à la suite de la décision de la Cour suprême, de l'étude du NCI, du décès de Steve McQueen et d'autres publicités défavorables. Mais alors que le fantasme du Laetrile s'est évanoui, ses principaux acteurs ont ajouté de nombreux autres "remèdes miracles" à leur arsenal et ont ajouté le sida, l'arthrite, les maladies cardiovasculaires et la sclérose en plaques à la liste des maladies qu'ils prétendent traiter. Bien qu'ils semblent parler avec sincérité, ils ne parviennent toujours pas à parrainer le type de recherche qui pourrait persuader le monde scientifique que tout ce qu'ils proposent est efficace.

    Une revue systématique qui a inclus tous les rapports disponibles jusqu'en 2005 a conclu que l'affirmation selon laquelle le laetrile a des effets bénéfiques pour les patients atteints de cancer n'est pas soutenue par des données cliniques solides [14].

  • https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cancer/vendues-comme-anti-cancer-les-amandes-d-abricot-peuvent-vous-intoxiquer-au-cyanure_126323 Vendues sur Internet comme anti-cancer, les amandes d'abricot peuvent vous intoxiquer au cyanure. Par Camille Gaubert le 30.07.2018.
    Les amandes de noyau d'abricot, vendues sur internet pour des propriétés anti-cancer non démontrées, contiennent une substance que l'organisme convertit en cyanure, molécule toxique, alertent les agences sanitaires.
    Si l'amygdaline contenue dans les amandes de noyau d'abricot n'a pas d'effet prouvé sur le cancer, elle est en revanche toxique à haute dose en raison du produit de sa métabolisation : le cyanure. L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) et son homologue européenne l'EFSA rapportent ainsi 154 cas d'intoxication suite à des consommations importantes de ces amandes. Elles rappellent qu'elles ne sont inoffensives qu'à faible dose. .[..]

    * https://hoax-net.be/non-vitamine-b17-ne-soigne-cancer/ NON, la vitamine B17 ne soigne pas le cancer ! Publié le 23 avril 2018.
    [...] Effets secondaires du laetrile:
    Les effets secondaires du traitement par laetrile sont les symptômes d’un empoisonnement au cyanure :
    * Nausées, vomissements
    * Maux de tête
    * Vertiges
    * Dommages au foie
    * Un manque d’oxygène dans le sang (couleur bleue de la peau)
    * Une baisse de la pression artérielle
    * Paupières tombantes
    * Fièvre
    * Les lésions nerveuses, entraînant la perte d’équilibre et de la difficulté à marcher
    * Confusion, coma, et finalement la mort
    Ces effets secondaires peuvent être augmentés par :
    * L’absorption d’amandes crues ou de noyaux de fruits écrasés.
    * La consommation de certains types de fruits et légumes, y compris le céleri, les pêches, les germes de soja, et les carottes.
    * La prise de doses élevées de vitamine C
    On estime que la consommation d’environ 50 à 60 noyaux d’abricot, ou 50g de laetrile, peut être létal. Mais ces aliments sont sans danger si vous les consommez dans des quantités raisonnables, ou si vous les mangez sans laetrile, parce que leur concentration en amygdaline est faible.
    Ce qu’il faut retenir
    En raison du manque de preuves de son efficacité et des effets secondaires sérieux qu’il peut engendrer, le laetrile n’est pas autorisé à la vente dans l’Union européenne. La FDA (Food and Drug Administration) interdit également son utilisation aux Etats-Unis.
    Dans tous les cas, il n’est pas recommandé de remplacer un traitement conventionnel par des thérapies alternatives. Si vous avez un cancer, l’utilisation de méthodes non approuvées au lieu du traitement médical de référence peut gravement nuire à votre santé.
    Notre conseil est d’être très prudent, ne surtout pas payer pour un traitement contre le cancer sur Internet, et de toujours se référer à son cancérologue pour avoir le traitement le plus adapté.
    Sources : Cancer Research UK – National Cancer Institute

Voir aussi

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Références

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  2. http://ansm.sante.fr/var/ansm_site/storage/original/application/9af8853be39c1534d89451f4ff970cbb.pdf Voir les "Propriétés physico-chimiques de l’HCN d'intérêt" qui sont ici décrits "pour la prise en charge" en cas d'intoxication par de l'acide cyanhydride
  3. http://www.travailler-mieux.gouv.fr/Acide-cyanhydrique-ou-Cyanure-d.html
  4. http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?idArticle=LEGIARTI000019293636&idSectionTA=LEGISCTA000018048139&cidTexte=LEGITEXT000006069565&dateTexte=20130224 Article L121-1-1. Sont réputées trompeuses au sens de l'article L. 121-1 les pratiques commerciales qui ont pour objet [...] 16° D'affirmer faussement qu'un produit ou une prestation de services est de nature à guérir des maladies, des dysfonctionnements ou des malformations ;
  5. http://fr.wikipedia.org/wiki/Benzald%C3%A9hyde
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  17. https://resistance71.wordpress.com/2012/11/04/sante-g-edward-griffin-un-monde-sans-cancer-lhistoire-de-la-vitamine-b17/
  18. http://www.juscogens.com/marcevolcolloque.html Voir à "Table ronde" le sujet proposé 10. Chimiothérapie naturelle (cyto-toxique ou anti-mitotique, mais sélectivement et sans ordonnance) via la molécule amygdalin (laetrile) qui se trouve en pleine nature. [...] (lien mort)
  19. http://centredebienetreholistique.com/?page_id=662 Voir à "Table ronde", y figure le même sujet proposé 10. Chimiothérapie naturelle (cyto-toxique ou anti-mitotique, mais sélectivement et sans ordonnance) via la molécule amygdalin (laetrile) qui se trouve en pleine nature. [...] (lien mort)
  20. https://www.spokesman.com/elections/2012/washington-primary-2012/candidates/christian-pierre-joubert/
  21. https://eledataweb.votewa.gov/OVG/OnlineVotersGuide/GetCandidateStatement?electionId=62&candidateId=45551&raceJurisdictionName=State%20Executive&Display=Statewide&partyName=(Prefers%20Holistic%20Party)&raceName=Washington%20State%20-%20Governor
  22. https://www.traitement-du-cancer.fr/
  23. https://www.traitement-du-cancer.fr/nos-services-specifiques/vitamine-b17-traitement-du-cancer-therapies-du-cancer
  24. https://www.oasisofhope.com/drcontreras/
  25. https://medium.com/@OasisofHope/laetrile-cancer-therapy-60880988683
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