Heilpraktiker

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Heilpraktiker[1], (littéralement "praticien de santé", en France le terme équivalent le plus proche est naturopathe[2]), est le terme utilisé en Allemagne pour des personnes pratiquant toutes sortes de soins et de thérapies avec une autorisation officielle de traiter des malades.

En Allemagne toute personne, autre que les médecins, les psychanalistes et les Heilpraktiker, qui traite les malades est dans l'illégalité. Selon les organisations professionnelles, les Heilpraktiker auraient effectué en Allemagne, en 2009, plus de 15 millions de consultations et de traitements[3].

Historique

Les racines historiques de la profession d'Heilpraktiker en Allemagne se trouvent dans les pratiques de santé empiriques et populaires. Jusqu'à 1939, quiconque dans l'empire allemand qui se sentait une vocation ou une compétence pour soigner, était autorisé à proposer ses services. Il n'était pas nécessaire pour cela d'avoir une formation médicale. A cette date, il fut décrété que les activités médicales étaient exclusivement réservées aux médecins formés par l'Etat. Cependant, les Heilpaktiker en activité jusque là furent autorisés à continuer à exercer leur activité. Pour ce faire, la loi de 1939[4] concernant les Heilpraktik entra en vigueur en tant que base légale. Et c'est ainsi que, d'un seul coup, des milliers de thérapeutes médicaux sans formation médicale ont été légalisés dans l'empire allemand. Cependant de nouveaux guérisseurs ne devaient être autorisés que dans des cas exceptionnels, si bien que cette profession devait disparaître. Pourtant, en 1957, les dispositions à ce sujet pour la période de transition ont été interpétées dans la République Fédérale d'Allemagne (RFA), de sorte que tout Heilpraktiker qui satisfaisait aux conditions d'agrément antérieures devait être autorisé, car une interdiction d'autorisation pour les Heilpraktiker fut reconnue comme anticonstitutionnelle. En ce qui concerne l'Allemagne de l'Est (RDA), les Heilpraktiker déjà en activité purent continuer à exercer leur activité. Mais là, de nouveaux Heilpraktiker ne furent plus autorisés, de sorte que'en 1989, de tous ceux qui avaient exercé en tant qu'Heilpraktiker avant la fondation de l'Etat de la RDA, très exactement onze étaient encore en activité.

Dans les années 1953, en RFA, des écoles de préparation à l'examen de contrôle, qui seul permet l'obtention de la précieuse autorisation d'exercer en tant qu'Heilpraktiker, ont été réouvertes .

Obtention de l'appellation et du statut d'Heilpraktiker

Il faut être clair, il n'existe aucun diplôme d'Heilpraktiker. Il n'existe aucun cursus de formation à effectuer (dans un système d'enseignement officiel), et par conséquent aucun programme d'enseignement, rien de tout cela. Par contre, il y a un examen de contrôle pour vérifier que le candidat n'est pas dangereux pour la santé publique et saura reconnaitre les maladies graves (le choléra, la lèpre, la peste, la poliomyélite, le typhus, la toxoplasmose, la diphtérie, la malaria, la tuberculose, l'hépatite, le tétanos...), sur les maladies infectieuses génitales (la syphilis, la gonorrhée, l'ulcus molle...), auquel cas il doit renvoyer le malade à un médecin sous peine de retrait d'autorisation d'excercer et d'amendes. Cet examen de contrôle aboutit, si on le réussit, à la délivrance d'une autorisation d'exercer. Seul le Ministère de la Santé allemand peut donner le diplôme de Heilpraktiker. Ce n'est pas une école ! Une école ne peut donner le diplôme de Heilpraktiker. Les écoles sont toutes privées, et peuvent aboutir à un certificat, mais ce n'est pas celui du Heilpraktiker. En Allemagne, les certificats des écoles de Heilpraktiker ne donnent pas le droit d'exercer, elles proposent seulement des préparations à l'examen de contrôle à passer, sont libres du contenu (très varié) de ce qu'elles proposent pour y parvenir, leurs formateurs sont souvent eux-même des Heilpraktiker qui trouvent un intérêt financier à proposer de telles formations.

Pour obtenir l'autorisation d'exercer, il suffit d'avoir un certificat d'études secondaires, un âge minimal de 25 ans, un certificat médical, un casier judiciaire vierge, et de passer un examen devant le service de santé du Land. Le candidat doit cocher 60 questions (45 doivent être des bonnes réponses) et prouver lors d'un examen oral qu'il est en mesure de reconnaitre les maladies infectieuses et les maladies aigües, et alors de dirriger ces malades immédiatement vers un médecin de formation. En outre, le candidat doit maitriser les principes de l'hygiène et d'une analyse médicale. Il n'y a pas des questions sur un plan de traitement ou un programme de soins. Les Heilpraktiker (HP) sont par principe autorisés à pratiquer des interventions de chirurgie, mais étant donné qu'ils ne peuvent se procurer des produits d'anesthésie (délivrés sur ordonnance seulement), juridiquement une telle intervention reste impossible. 53% des candidats (moyenne dans la région du Rhin) ne réussissent pas cet examen délivré par le ministère allemand de la santé, examen qui toutefois peut être repassé plusieurs fois. Deux cursus sont proposés: le Heilpraktiker branche naturopathie et le Heilpraktiker branche psychothérapie. Le Heilpraktiker s'appuie sur des méthodes de soins dits naturels, comme la connaissance des plantes, l'acuponcture ou l'acupressure (les doigts remplacent les aiguilles ou baguettes).

En France

Il existe des organismes qui proposent une "formation" d'Heilpratiker, par exemple celui-ci[5]. Ce même organisme CERS-TA de Ferny-Voltaire, offre toutes sortes de formations fort discutables, par exemple sur le Physioscan, appareil de Thérapie Quantique, en collaboration avec le Centre Nemo de Guillaume Moreau. La France cherchant actuellement à mettre de l'ordre chez elle et ses "thérapeutes", on comprend l'attrait et les avantages d'un diplôme, certes non reconnu en France, mais reconnu officiellement par un autre pays de l'UE, diplôme qui peut cependant faire illusion auprès d'un public français qui ne connait pas cette appellation ni quelle formation "médicale" elle garantit.

Références